Treize femmes dont l'avortement a été refusé au Texas, malgré de graves complications, doivent témoigner à partir de mercredi, lors d'une audience très attendue, après leur plainte contre l'Etat américain.
Elles ont saisi la justice texane pour lui demander de clarifier les "exceptions médicales" aux lois interdisant désormais l'avortement dans cet Etat conservateur.
Selon leur plainte déposée en mars, ces exceptions sont définies de manière trop floue, provoquant chez les médecins la peur de pratiquer un avortement, même dans ce cadre. Les lois texanes prévoient de lourdes amendes et jusqu'à 99 ans de prison pour les médecins pratiquant des avortements illégaux.
L'une des plaignantes, Amanda Zurawski, a déclaré en juin à l'AFP avoir failli mourir: après avoir perdu les eaux à 18 semaines lors d'une grossesse désirée, l'hôpital avait refusé d'intervenir tant qu'elle ne montrait pas de signes d'infection, même s'il lui avait été dit que le fœtus ne survivrait pas.
Elle n'avait pu obtenir un avortement que trois jours plus tard, après avoir fait une septicémie, ce qui l'a conduit à passer plusieurs jours en soins intensifs et a entraîné la perte d'une de ses trompes.
Depuis que la Cour suprême américaine a rendu aux Etats la liberté de légiférer eux-mêmes sur l'avortement, le Texas a interdit toutes les interruptions volontaires de grossesse (IVG), à n'importe quel stade de la grossesse, y compris en cas d'inceste ou de viol. Seule exception: en cas de danger de mort ou de risque de grave handicap pour la mère.
Malgré cette exception, le contexte "hostile" a un effet dissuasif sur les médecins, a souligné le Centre pour les droits sur la reproduction, qui représente les 13 femmes plaignantes. Deux gynécologues ont également pris part à la plainte.
"Par conséquent, les patientes du Texas ont subi des préjudices physiques importants et une angoisse psychologique", a déclaré l'organisation dans un communiqué.
Lors de l'audience, le Centre va demander la mise en place d'une mesure d'urgence: la suspension temporaire dans les cas de complications médicales de la loi interdisant l'avortement, le temps que le dossier soit étudié sur le fond par la justice.
Cette mesure "est nécessaire pour stopper la crise de santé publique actuelle causée par la confusion et l'incertitude autour de l'exception médicale aux interdictions d'avorter au Texas", argumente-t-il.
L'Etat du Texas, lui, affirme que la définition de l'exception médicale proposée par la plainte reviendrait à "permettre des avortements pour des femmes enceintes ayant des soucis médicaux allant d'un mal de tête à un sentiment de dépression".
Il réclame que la plainte soit rejetée, avant même que les plaignantes soient entendues.
L'audience doit commencer mercredi matin à Austin, et se poursuivre jeudi.