Ce week-end, le docteur Alaaddin Yilmaz, chirurgien cardiaque de renom, a perdu son combat contre un cancer du pancréas. Figure emblématique de la médecine belge, il était respecté pour ses innovations chirurgicales et ses interventions mini-invasives, qui ont redéfini la cardiologie. Cette année encore, à l'hôpital Limbourgeois Jessa Ziekenhuis, il avait encore innové en posant, par endoscopie, un nouveau modèle de valve mitrale biologique, une première mondiale.
Le docteur Yilmaz a également repoussé les frontières de la chirurgie cardiaque en remplaçant une valve aortique sans ouvrir le sternum, une avancée qui a significativement réduit la convalescence des patients. Ses pairs et ses patients lui témoignaient une reconnaissance profonde. En 2022, il avait gagné en notoriété auprès du grand public en apparaissant dans la série TV flamande "Topdokters", qui mettait en lumière son parcours exceptionnel.
Lors de l’implantation de cette valve mitrale fabriquée à partir de tissu bovin, il expliquait : « C’est une valve biologique d’origine bovine. Elle existait depuis des années et durait en moyenne douze ans. Depuis peu, un traitement spécifique a permis d’en prolonger la durée de vie dans des tests sur animaux, et, pour les patients humains, cette nouvelle génération pourrait durer toute une vie. » Les résultats préliminaires montrent qu’en position aortique, cette valve maintient son efficacité dans 99 % des cas après sept à huit ans. Cette innovation, notamment pour les jeunes patients, pourrait constituer une option moins invasive et plus économique.
Développée par le docteur Yilmaz lui-même, cette technique augure une transformation de la chirurgie cardiaque. « J’espère que les jeunes chirurgiens pourront se former à ces méthodes. C’est un investissement essentiel pour l’avenir, car la majorité des opérations cardiaques pratiquées en ouvrant le thorax appartiendront bientôt au passé », prédisait-il.
Il y a cinq ans, il avait démontré son expertise lors d’une intervention diffusée devant 250 millions de téléspectateurs sur une chaîne russe, offrant une première mondiale dans le domaine de la chirurgie cardiaque endoscopique. En 2017, il avait été le pionnier de la chirurgie cardiaque mini-invasive en opérant une valve cardiaque par endoscopie.
La fin de sa carrière a été marquée par des tensions avec le Jessa Ziekenhuis, où il exerçait depuis 2013. Son frère raconte que, malgré la maladie, le chirurgien souhaitait poursuivre les interventions. L’hôpital aurait cependant exprimé des réserves quant à sa capacité à opérer en raison de l’aggravation de son état.
Les témoignages de ses patients dressent le portrait d’un homme à la fois exceptionnel et humble. « Dr. Yilmaz m’a sauvé la vie. Tristement, il n’a pas pu faire de même pour lui-même », confie l’un d’eux. Un autre se souvient : « Je consultais un cardiologue au ZOL Limburg, qui me proposait une opération lourde, et j’ai découvert Dr Yilmaz dans un article. Il m’a dit : ‘Heureusement que votre généraliste vous a envoyé ici, sans lui, vous ne seriez peut-être plus là aujourd’hui’. » À l’approche de l’intervention, un patient, bouleversé, lui avait demandé s’il reverrait sa fille. « Il m’a apaisé d’une voix tranquille. Son départ, alors que je suis encore ici, me semble irréel. »
Au-delà de son expertise technique, l’empathie du docteur Yilmaz pour ses patients marquait les esprits. Il laisse derrière lui une épouse et deux enfants. Ses proches, ses collègues et ses patients garderont le souvenir d’un chirurgien qui, jusqu’au bout, aura mis son humanité et son talent au service des autres.
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