Les deux centrales de marché MercurHosp et Acah ont décidé de collaborer afin de réaliser des marchés publics en commun. Une manière de concentrer une expertise qui profitera à de nombreux hôpitaux, aux professionnels de la santé et, indirectement, aux patients.
Durant la crise sanitaire, la Centrale de négociation pour les achats hospitaliers (Acah) et la Centrale d’achats de services et de fournitures pour les soins hospitaliers (MercurHosp) ont eu l’occasion de travailler ensemble en mettant leur expertise en commun pour acheter des équipements de protection à la demande de la Région wallonne. « Cette expérience de collaboration a été positive. À force d’opiniâtreté et grâce à la volonté de Sylvie Brichard, la précédente présidente de MercurHosp, nous avons décidé d’unir nos forces respectives. Ensuite, Gaëtan Dumoulin est devenu président et a décidé de poursuivre dans cette voie », explique François Burhin, président de l’Acah. « Nous sommes heureux d’avoir scellé un accord-cadre de collaboration. Nous voulons être prudents au début pour continuer à expérimenter et à donner un maximum de chances à ce rapprochement parce que la massification des achats a des avantages, mais elle n’est pas optimale dans toutes les situations. Pour différentes raisons, toutes les institutions ne sont pas toujours désireuses de participer à un achat commun. »
« La récente étude Maha sur les finances des hôpitaux généraux démontre que les hôpitaux ont besoin de coopérer pour réduire les prix via des marchés groupés », explique Gaëtan Dumoulin. « Le succès de la collaboration entre MercurHosp et l’Acah est lié aux personnalités des responsables des deux structures, aux valeurs communes et à notre ambition mesurée. Nous sommes conscients de la nécessité pour les hôpitaux de ne pas toujours participer tous aux mêmes marchés. Dans certaines situations, il ne faut pas fragiliser le marché. »
Structures séparées
Dans un premier temps, les deux centrales d’achats vont se partager leurs feuilles de route et voir, au cas par cas, quand elles ont un intérêt à participer ensemble à un marché. « Nous voulons capitaliser sur des succès qui vont renforcer notre confiance dans cette démarche de collaboration », soutient Gaëtan Dumoulin. « Nos organisations vont coopérer, mais elles restent autonomes. »
Une dizaine de personnes travaillent dans chacune des deux centrales. L’objectif des partenaires n’est ni de fusionner, ni de recruter ensemble du personnel.
Contrairement à l’HeCaPP (ex-Iris Achats), qui a décidé dans son nouveau positionnement stratégique d’offrir ses services à toutes les institutions de santé et aux CPAS, MercurHosp et l’Acah travaillent essentiellement pour le secteur hospitalier tout en ayant aussi des maisons de repos parmi leurs membres adhérents. « Dans le cadre de cette collaboration, nous visons seulement le secteur hospitalier », précise Gaëtan Dumoulin.
« Nos principaux fournisseurs sont les firmes pharmaceutiques et les producteurs de matériel médical. Les enjeux financiers sont colossaux. L’étude Maha a démontré que le coût des médicaments a sensiblement augmenté ces dernières années dans les comptes des hôpitaux », souligne François Burhin. « Mener des marchés publics dans le secteur hospitalier demande des compétences tout à fait particulières parce qu’il faut connaître le matériel et la façon dont on l’utilise. Nous faisons appel à des groupes métiers (médecins, pharmaciens…) pour identifier les bons produits et réalisons des tests. »
Économie circulaire
Les deux centrales d’achats partagent des ambitions au niveau de la durabilité. « Nous favorisons les circuits courts et incluons dans les cahiers des charges des clauses environnementales, tout en ne demandant pas pour autant l’impossible aux fournisseurs. Nous sommes réalistes. Nous travaillons dans le non-marchand et avons donc la possibilité d’avoir une approche sociétale », ajoute François Burhin. Sécuriser au maximum les approvisionnements pour garantir la continuité des soins est également une préoccupation majeure des deux partenaires.
Cette année, les deux centrales vont réaliser des tests de collaboration sur plusieurs marchés, puis elles vont les évaluer et adapter leur stratégie commune. « Notre objectif est de monter progressivement en puissance », conclut le président de l’Acah.