Selon le Parti socialiste, le gouvernement Arizona veut réformer le fonctionnement des services d’urgence et d’hospitalisation. Plusieurs services ne seraient plus accessibles durant la nuit. Cette mesure concernerait 29 sites hospitaliers. Le nouveau gouvernement compte-t-il vraiment prendre cette mesure ? Info ou intox ? Découvrez la liste des hôpitaux menacés en Wallonie et à Bruxelles , selon le PS et la réaction du Cabinet du ministre Vandenbroucke.
Le PS estime que cette fermeture durant la nuit va accélérer la saturation des hôpitaux, allonger les délais d’attente et accentuer les inégalités d’accès aux soins. « Les Francophones sont les plus touchés, avec un hôpital sur deux concerné en Wallonie et un sur trois à Bruxelles, contre seulement 20 % en Flandre. Si vous habitez à Dinant, Lobbes, Waremme ou Ath, vous devrez peut-être faire des kilomètres en pleine nuit pour recevoir des soins d’urgence », prévient le PS sur les réseaux sociaux en invitant les citoyens à signer une pétition. Il exige « le maintien des urgences et des hospitalisations de nuit dans les hôpitaux de proximité, une répartition équitable des infrastructures hospitalières en Belgique et une concertation réelle avec les professionnels de la santé avant toute réforme. »
Cette réforme décriée par le PS se trouve-t-elle dans l’accord du gouvernement Arizona ? Non, elle n’y figure pas explicitement, même si une partie de l’accord promeut une réforme optimale de l’activité hospitalière. « En termes de financement et de qualité des soins, il est inefficace de maintenir des activités hospitalières identiques sur des sites distants de quelques kilomètres seulement. Il s’agit donc d’évaluer dans quelle mesure les réseaux hospitaliers locorégionaux actuels contribuent à la coopération souhaitée entre les hôpitaux et les acteurs de soins de santé pour assurer les soins de proximité nécessaires à la population dans leur zone de soins et si, en liaison avec les Communautés, ces réseaux peuvent être coordonnés au maximum avec d’autres zones et régions de soins, le cas échéant », peut-on lire à ce sujet en pages 112 et 113 de l’accord. Rien de très neuf.
Selon plusieurs sources bien informées sur le secteur hospitalier, aucun texte précis ne circule actuellement sur la suppression des urgences et des hospitalisations durant la nuit dans certains hôpitaux. Notons que Zorgnet-Icuro, la structure faîtière des hôpitaux flamands, soutient la transformation des petits hôpitaux et des sites hospitaliers (de moins de 250 lits) en établissements de soins de jour. Toutefois, des exceptions seraient prévues afin d' assurer une répartition géographique suffisante et de ne pas compromettre les délais d'intervention des services d'urgence.
« Il n’y a pas de plan »
« Dans les médias, on lance une campagne sur un plan visant à fermer des services d’urgence et des hôpitaux. Un tel plan n’existe pas, et l’engagement en faveur des soins de santé dans l’accord du gouvernement est clair », réagit fermement le Cabinet du ministre Vandenbroucke à notre demande de réaction sur ce dossier chaud.
«Quel sont les objectifs du gouvernement ? Nous voulons que les soins de santé restent accessibles et abordables pour toutes et tous. C’est pourquoi nous investissons dans nos soins de santé et notre personnel de santé (4 milliards au-delà de l'index d'ici 2029). Évidemment, il faut aussi des réformes pour renforcer le secteur, dans l’intérêt des patients et du personnel soignant.
Par exemple, en concentrant davantage les soins lorsque des situations très complexes requièrent une expertise hautement spécialisée, et en favorisant l’hôpital de jour lorsqu’il est possible et souhaitable. En même temps, la proximité des soins est citée dans l’accord du gouvernement comme un principe fondamental.
Mais qu'en est-il exactement de ces ‘fermetures’? Les détails qui semblent circuler sur un nombre d’hôpitaux menacés par ‘des fermetures’ (et même les noms de ces hôpitaux !) n’ont pas lieu d’être. L’accord du gouvernement envisage une réforme du paysage hospitalier, avec les objectifs cités, mais nous n’avons même pas le début d’un plan sur la mise en œuvre de ce passage de l’accord de gouvernement.
Dans le cadre de la CIM Santé publique, un comité d'experts doit d’abord fournir un avis aux entités fédérées et au gouvernement fédéral sur l’avenir du paysage hospitalier. Dans cette discussion, l’importance du principe de proximité sera évidemment maintenue. Aucune décision n'a été prise à ce sujet à ce jour, car le comité d'experts doit encore être créé dans le cadre de la CIM Santé Publique et se réunir. »
La pétition du PS marque en tout cas les esprits. Le CHwapi, un des hôpitaux qui, selon le Parti socialiste, serait concerné par cette fermeture nocturne des urgences, a tenu à rassurer, via No Télé, ses usagers : « Des informations erronées circulent sur les réseaux sociaux, évoquant une possible fermeture de notre service d’urgence. Nous tenons à rassurer nos patients ainsi que l’ensemble des habitants de notre bassin de soins : le service des urgences de notre site Union n’est pas menacé et continuera d’assurer pleinement sa mission de jour comme de nuit. »
« Nous ne sommes pas opposés aux réformes du paysage hospitalier », réagit François Burhin. « Elles sont même nécessaires, mais elles doivent être faites en concertation avec le secteur. Elles ne peuvent pas se faire au détriment des patients et du personnel concernés. Cela fait longtemps que l’on parle de limiter les activités des hôpitaux de 250 lits, mais il faut définir cette notion de façon très précise. Parle-t-on des sites, des campus hospitaliers ou des numéros d’agrément ? Que fait-on dans le cas des hôpitaux fusionnés, comme le nôtre ? Sont-ils exemptés ? Quid du calendrier de construction des hôpitaux?» Le directeur général d’Epicura souligne qu’il n’a pas reçu actuellement d’informations sur cette suppression des urgences de nuit pour son institution.
Cette sortie médiatique du PS ne doit certainement pas plaire au nouveau ministre de la Santé publique. La ligne téléphonique serait-elle coupée entre le boulevard de l’Empereur et Vooruit ?
Hôpitaux menacés en Wallonie
- Saint-Josef – Saint-Vith
- Epicura – Ath
- Vivalia – Bastogne
- Helora – Lobbes
- Helora Boussu
- CHC – Hermalle
- CHC – Heusy
- CHR Namur – site Auvelais
- Epicura – Baudour
- Clinique Notre-Dame des Grâces – Charleroi
- CHU UCL Namur – site Dinant
- St Nikolaus – Eupen
- André Renard – Herstal
- CHWAPI – Tournai Notre-Dame
- CHU Liège – Notre-Dame des Bruyères
- Malmedy
- Vivalia – Marche-en-Famenne
- Helora – Mons Constantinople
- Helora – Nivelles
- CHC – Oupeye
- Epicura – Baudour
- CHC – Waremme
- Bois de l’abbaye - Waremme
- CHR Haute Senne
- Centre de Santé des Fagnes - Chimay
Hôpitaux menacés à Bruxelles
- Saint-Pierre – site César De Paepe
- Brugmann – Brien
- Clinique de l’Europe – Saint-Michel
- Iris sud – Etterbeek Ixelles
- Iris-Sud Bracops
- Iris -Sud Molière Longchamps
> Voir la pétition du PS
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Derniers commentaires
Laure Gilis
19 février 2025c'est tellement exagéré que le CHC Oupeye ça n'existe pas ; Dans leur pétition , ils ne mettent pas vooruit dans la liste des partenaires du gouvernement ....