Pollution aux PFAS - Une étude confirme la présence de 50 polluants persistants dans la population wallonne

L'Institut scientifique de service public (ISSeP) et le ministre wallon de la Santé et de l'Environnement Yves Coppieters ont présenté mercredi les résultats d'un biomonitoring humain destiné à mesurer l'exposition de la population wallonne aux substances chimiques et aux polluants présents dans l'environnement, l'eau et l'air. Cette exposition n'est pas supérieure à la moyenne européenne mais les taux observés de PFAS, cadmium, plomb et mercure présentent des risques pour la santé.

Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont surnommées "polluants éternels" car, faute de se dégrader facilement, elles s'accumulent dans l'air, le sol, les rivière s et dans le corps humain. L'objectif de l'étude wallonne était de mesurer l'exposition de la population aux substances chimiques, via différents marqueurs présents dans l'urine et le sang. Sur 62 biomarqueurs recherchés, 52 ont été détectés et 47 atteignent des valeurs de référence, à partir desquels le taux est suffisant pour tirer des conclusions sanitaires.

"Les niveaux d'exposition détectés en Wallonie sont globalement du même ordre que ceux retrouvés dans d'autres pays européens - voire inférieurs pour les substances qui ont subi, ces dernières années, des restrictions au niveau belge ou européen", a commenté Aline Jacques, responsable projet à l'ISSeP.

Des risques pour la santé ne peuvent tout de même pas être écartés concernant le plomb et le mercure retrouvé dans le sang de certains Wallons.

"Des dépassements des valeurs de référence sanitaire sont également observés pour le cadmium et les PFAS. Comparé aux adultes, les enfants semblent plus particulièrement exposés à la plupart des métaux, aux bisphénols et aux pesticides. Pour les substances qui ont tendance à s'accumuler dans l'organisme, comme les polluants organiques persistants (PCBs, pesticides organochlorés et PFAS) ou certains métaux (plomb, cadmium), les adultes plus âgés sont plus imprégnés. Il conviendrait de suivre la situation (à plus long terme, NDLR) et de diminuer l'exposition des Wallons à ces substances", a-t-elle conclu.

Pour le ministre Yves Coppieters, la situation mérite effectivement un monitoring régulier. "Non pas pour inquiéter la population mais par souci de transparence. Il n'y a pas un phénomène wallon - nous sommes dans la moyenne européenne - mais ce n'est pas pour cela que nous devons nous montrer attentistes."

La Région peut mener des campagnes de prévention, d'éducation et de sensibilisation, mais doit également miser sur une coopération avec d'autres niveaux de pouvoir, a-t-il estimé. "Il faut des politiques fortes pour diminuer certaines valeurs. Sur la centaine de pesticides utilisés, 31 contiennent des PFAS. Il faut avoir le courage de les interdire", a-t-il souligné. "Ma position, c'est d'adopter un principe de précaution. Il y a une concertation à avoir en conférence interministérielle Santé ou Environnement. Ma porte d'entrée pour convaincre, c'est la santé: il y a des risques de cancers et de maladies neurodégénératives qui sont réels et documentés dans la littérature scientifique", a-t-il conclu.

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