Le nombre d'hôpitaux déficitaires augmente chaque année (Rapport Maha)

En 2023, les hôpitaux généraux ont réalisé un chiffre d'affaires de 20,50 milliards d’euros, mais n'ont dégagé qu'une marge de 825 millions. Le 30e rapport Maha de Belfius révèle que leur santé financière reste très fragile. Autre constat important : la composition du chiffre d'affaires d’un hôpital a considérablement changé depuis 1999. L’année passée, les honoraires des médecins ont augmenté de 8,7 % pour s’établir à 7,885 millions d’euros. Le corps médical contribue en moyenne à hauteur de 38,4 % au chiffre d’affaires des institutions.

Bonne nouvelle pour le secteur hospitalier : son chiffre d’affaires et son activité étaient à la hausse en 2023. Deux évolutions positives tempérées par l’augmentation importante des coûts. « En 2023, la perte du résultat d’exploitation ordinaire s'améliore légèrement à 174 millions d’euros. Si nous tenons compte du résultat exceptionnel, le bilan final demeure positif. Nous notons même une légère amélioration par rapport à l’année précédente. Le résultat de l’exercice progresse de 37 à 82 millions d’euros, ce qui reste très peu (0,4 %) pour un chiffre d'affaires de 20,5 milliards d’euros », commentent les auteurs de l’étude Maha. « Le résultat d’exploitation brut de 825 millions d’euros paraît positif, mais il a baissé de 50 millions par rapport à 2022. Sur un chiffre d'affaires de 20,50 milliards d’euros, une marge de 825 millions s'avère très fragile. »

Hausse de l’hospitalisation de jour
L'activité des hôpitaux s’accroît. « En comparaison avec 2019, le nombre d'hospitalisations a augmenté de 266 000 pour atteindre un total de 3,6 millions. Cette hausse est principalement due à la transition vers l’hospitalisation chirurgicale et non chirurgicale de jour », peut-on lire dans le rapport. « L'addition des hospitalisations classiques et des hospitalisations de jour montre une augmentation de 7,9 % l’an dernier par rapport à 2019. L’accroissement des hospitalisations de jour entraîne une diminution des journées d'hospitalisation. De plus, les hospitalisations classiques sont moins longues. Le nombre de journées d’hospitalisation dans les hôpitaux généraux a reculé de 4,9 % par rapport à 2019. » Dans les hospitalisations chirurgicales, la durée du séjour passe de 7,3 à 4,1 jours. C’est en gériatrie que la baisse est la plus forte. En 2001, le nombre de journées d'hospitalisation s’élevait encore à 25,6 en moyenne, contre 16,1 en 2023. « La transition vers l’hôpital de jour se produit dans tous les hôpitaux, mais de façon plus prononcée dans certains d’entre eux. Près d'un cinquième des hôpitaux réalisent plus de 70 % des traitements en hôpital de jour. » Comme en 2022, l'augmentation des coûts en 2023 s’explique par la hausse persistante des prix de l’alimentation et de l’énergie et, surtout, des frais de personnel. « Les hôpitaux généraux consacrent au total près de 9 milliards au paiement des rémunérations, soit une augmentation de 6,6 %. Cette année, il faut s’attendre à une hausse supplémentaire des frais de personnel de 5,3 % », préviennent les rapporteurs.

La part des médecins stable
À l’occasion de la publication du trentième rapport – qui, au fil des ans, est devenu la bible des gestionnaires hospitaliers –, les experts de Belfius ont réalisé quelques comparaisons historiques. « Il en ressort que la composition du chiffre d'affaires d’un hôpital a considérablement changé depuis 1999. À présent, les produits pharmaceutiques représentent 20,5 % (estimation) du chiffre d'affaires et ce sont eux qui ont enregistré la plus forte augmentation. La part des honoraires des médecins s’est maintenue à environ 38,4 % durant ce laps de temps. »

En 2023, les honoraires des médecins ont augmenté de 8,7 % pour atteindre 7,885 millions d’euros. « Cette augmentation s’explique principalement par l’indexation des honoraires, appliquée avec un décalage. L'activité a également légèrement progressé. Les revenus issus des suppléments de chambre et des produits accessoires augmentent de 15,8 % à 145 millions d’euros », précisent les auteurs qui s’attendent pour 2024 à une augmentation considérable des honoraires, soit 8,2 %, durant l’exercice actuel (notamment après une indexation de 6,05 %). Le budget de moyens financiers (BMF), l’autre grand composant du CA, s’est accru de 8 % après avoir déjà enregistré une hausse de 10,4 % en 2022 en raison de la forte indexation des salaires. « Pour 2024, nous prévoyons une augmentation limitée du BMF de 2 %. » Le BMF qui, jusqu’en 2002, représentait le prix d'une journée d'hospitalisation, a chuté de 42,1 % à 36,9 %. À contrario, les revenus de la pharmacie représentaient 13,2 % du chiffre d'affaires des hôpitaux en 1999 contre 20,1 % en 2023.

Augmentation des coûts informatiques
En 2023, les augmentations les plus importantes des dépenses se situent dans ce que l’on appelle les « autres achats ». « Ceux-ci ont grimpé de 12,8 % pour atteindre 1,307 millions d’euros. Il s'agit notamment de dépenses pour les dossiers électroniques des patients ou pour des mesures en matière de cybersécurité. Les dépenses pour les produits pharmaceutiques se sont également accrues, soit de 11,2 %. Les hôpitaux ont acheté des médicaments pour un total de 4,221 millions d’euros. Les honoraires des médecins ont grimpé de 11,3 % à 4,902 millions d’euros. » La forte augmentation des coûts entraîne une détérioration du résultat d’exploitation brut (EBITDA) de -3,6 %. Le rapport Maha révèle de grandes différences entre les performances financières des hôpitaux. « Cependant, la tendance est claire : le nombre d'hôpitaux déficitaires augmente chaque année. En 2019, il s'agissait d'un tiers des hôpitaux, tandis qu’il s'agit de plus de la moitié en 2023. Si nous prenons en considération les hôpitaux qui réalisent un résultat d’exploitation ordinaire de moins de 1 % du chiffre d'affaires, 76 % des hôpitaux ne respectent pas la norme considérée comme une bonne santé financière. »

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