«Déconventionner, c'est faire payer les patientes, mais on ne peut plus continuer ainsi» (Sages-femmes)

Les sages-femmes belges dénoncent un manque de reconnaissance de leur travail, tant en pratique indépendante qu'à l’hôpital. Face aux négociations fédérales sur le budget des soins de santé, l'Union professionnelle des sages-femmes belges réclame une revalorisation de la profession. Elle va également dénoncer la convention.

En pratique indépendante ou à l’hôpital, le travail des sages-femmes n’est pas reconnu à sa juste valeur par les autorités aujourd'hui. Un élément important à rappeler alors que les négociations fédérales sur le budget des soins de santé, notamment, sont en cours. Comme l'an dernier, l'Union professionnelle des sages-femmes belges (UPSFB) ne signera pas la convention fixant les tarifs des sages-femmes et va la dénoncer, a indiqué sa présidente, Murielle Conradt. "Déconventionner, c'est faire payer les patientes, ce qui n'est pas du tout dans nos habitudes de fonctionnement, mais là, on ne peut plus."

Revoir les codes Inami

L'union professionnelle réclame, au nom de toutes les sages-femmes (indépendantes ou hospitalières), une revalorisation de la profession. Outre le déconventionnement, l'union professionnelle avait aussi appelé à participer à la manifestation nationale du secteur non marchand, le 7 novembre dernier. « Plusieurs personnes de nos équipes y étaient. On se soutient toutes dans cette action. Nous sommes solidaires », explique Isaline Gonze, sage-femme, cheffe de service du Pôle Mère-Enfant au sein de la maternité de l'hôpital Erasme (H.U.B.), qui reconnaît la problématique, alors que la nouvelle maternité a été inaugurée hier : « Il faut absolument revaloriser la profession et revoir les codes Inami qui sont créés en réfléchissant au temps alloué par acte. Actuellement, les sages-femmes libérales ne sont pas assez revalorisées… et la problématique concerne aussi les sages-femmes à l’hôpital. »

La réalité du terrain

Les exemples sont en effet nombreux au quotidien : « Nous avons aussi des difficultés dans notre pratique depuis que l’ex-ministre de la Santé Maggie De Block a réduit les durées de séjour. Lorsque nous devons faire sortir les patientes après deux jours, celles qui restent à l’hôpital, parce que leur enfant est en néonatalogie, par exemple, ne peuvent plus, "théoriquement", recevoir de soins. En fait, nous sommes devant un "vide administratif et financier" puisque, avant le J6 (6e jour), il n’y a pas de code intrahospitalier… »

Isaline Gonze pense également à un autre exemple : « J’ajouterais comme exemple très actuel le cas du Cocon. Notre gîte de naissance est pris en exemple pour inciter les autres maternités bruxelloises à développer des structures similaires, mais les codes Inami ne sont absolument pas adaptés à ce que la prise en charge en "one to one" suppose. Actuellement, c’est à l’hôpital d’investir en faveur des soins de qualité en octroyant, par exemple, des consultations d’une heure là où le code Inami ne finance que 30 minutes. »

Réduit les coûts à long terme des soins

Pourtant, pour ceux qui pourraient l'oublier, les tâches de la sage-femme permettent de prendre soin des nouveaux-nés et de l’adulte en devenir : « On soigne les adultes de demain. Il faudrait revoir le financement des codes Inami pour mieux penser à investir dans la prévention. Je prends l’exemple de l’allaitement. Il est prouvé qu’un allaitement de plus de 6 mois a un effet bénéfique, mais parfois, cela nous prend du temps de bien l’installer et d’aider la maman au démarrage du processus. Il est donc essentiel d’avoir du temps qualitatif à consacrer. Il faut investir à bon escient. »

Le message est passé. Aux différents acteurs d'en tenir compte...

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