La nouvelle "Commission des objectifs de soins de santé" de l'INAMI considère que le statut actuel des patients bénéficiant d'une intervention majorée (BIM) est trop limité et plaide pour la création d’un nouveau statut de « patient BIM », qui inclurait également les malades chroniques. Un calcul montre que ce ne sont pas 2,290 millions mais 3,420 millions de Belges – soit près de la moitié de plus – qui bénéficieraient alors des avantages du statut.
La Commission des objectifs de soins de santé (GOS) a pour mission officielle de conseiller le Conseil général sur « l'amélioration des soins de santé en vue d'atteindre des objectifs concrets ». La semaine dernière, la commission a émis un avis formulant huit objectifs de santé, dont l’objectif GOS 5, qui porte spécifiquement sur l'amélioration de l'accès aux soins.
La commission souligne que le statut actuel des patients bénéficiant d'une intervention majorée (BIM), qui constitue la base de la protection sociale des patients, présente des « limitations évidentes ». Elle observe en particulier l'augmentation du nombre de malades chroniques, qui rencontrent des difficultés d'accès aux soins et nécessitent une meilleure couverture. Elle propose donc de créer un nouveau statut de « patient BIM », qui serait étendu aux malades chroniques, afin de répondre à ces besoins croissants.
Un chevauchement partiel
Le professeur Stan Politis, président du GBS et expert en la matière, commente l’avis relatif au GOS 5 : « En Belgique, nous avons effectivement deux statuts distincts : les patients bénéficiant du statut BIM et les patients souffrant de maladies chroniques. Ces statuts se recouvrent partiellement, car leurs critères d’attribution diffèrent. Cependant, ce qui les rapproche, c’est que leur nombre augmente fortement. »
À la fin de l'année 2023, la Belgique comptait 2 290 241 bénéficiaires du statut BIM, soit une augmentation de 14 % par rapport aux cinq dernières années. Quant aux malades chroniques, leurs chiffres sont plus difficiles à évaluer : en 2023, 16,2 % des Flamands, 16,8 % des Wallons et 11,1 % des Bruxellois étaient concernés, soit environ 1 826 000 Belges.
Il est important de noter que tous les malades chroniques ne relèvent pas du statut BIM. Le professeur Politis se base sur les chiffres de 2020, selon lesquels 37,4 % des malades chroniques bénéficiaient du statut BIM. « Cela signifie que 62,6 % des patients chroniques ne bénéficiaient pas des avantages du statut BIM. » Si l'on applique cette proportion à 2023, cela représente environ 1 132 000 malades chroniques non couverts par ce statut.
En combinant ces chiffres, la commission estime que 3 422 000 Belges pourraient bénéficier du nouveau statut de « patient BIM ». En d'autres termes, si ce statut avait existé en 2023, il aurait concerné plus de 29 % de la population belge. « Compte tenu des prévisions du Bureau du Plan concernant le vieillissement de la population, ces chiffres devraient continuer à augmenter considérablement dans les années à venir », souligne le professeur Politis.
Un rôle limité pour la Commission
Le professeur Politis s’interroge également sur le rôle de la commission GOS en matière d'accès aux soins. « La question est de savoir si cette commission, qui se compose principalement d’académiciens, doit vraiment être impliquée dans le GOS 5. Les mutualités, l'INAMI, la Santé publique, le KCE et Sciensano peuvent déjà cartographier ce problème de manière approfondie. »
Il a envoyé cette remarque au président de la commission, Erik Schokkaert. Selon lui, la commission devrait plutôt se concentrer sur le quatrième objectif, relatif aux « soins centrés sur la personne », un domaine où elle peut être particulièrement efficace.« Étant donné sa composition, c’est dans ce domaine que la commission peut apporter la plus grande valeur ajoutée. »
Lire aussi: Huit priorités sur la table pour redessiner la politique de santé (INAMI)
