Le nombre de nouveaux diagnostics de VIH enregistrés en 2016 s'élève à 915, soit une moyenne de 2,5 cas de VIH par jour, ce qui correspond à une diminution de 9,8% par rapport à 2015 et à une diminution de 25% par rapport à l'année 2012, indique l'Institut scientifique de santé publique (ISP) dans son rapport annuel publié mercredi. Après une légère hausse observée en 2015, le nombre de nouveaux diagnostics de VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) est reparti à la baisse en 2016 au niveau national. L'ISP qualifie cette décrue d'"encourageante", même si "la vigilance doit rester de mise".
Tous les ans, &agra ve; l'approche de la Journée mondiale de lutte contre le sida célébrée le 1er décembre, l'ISP publie un rapport sur la situation en Belgique du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), le virus qui transmet le sida.
Le VIH touche principalement deux groupes à risque au sein de la population, à savoir les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes et les personnes contaminées par contacts hétérosexuels principalement originaires de pays d'Afrique subsaharienne.
En 2016, une baisse des nouvelles contaminations a été observée au sein de ces deux groupes. "Le nombre de nouvelles infections diagnostiquées chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes a diminué de 8% par rapport à 2015 et de 21% par rapport à 2013, lorsque le pic chez les HSH fut atteint", détaille l'ISP. Les HSH restent toutefois le groupe à risque le plus touché par l'épidémie au sein de la population.
La baisse du nombre de nouveaux diagnostics de VIH parmi les personnes hétérosexuelles provenant d'un pays d'Afrique sub-saharienne s'est quant à elle poursuivie pour la quatrième année consécutive. "Le nombre de nouveaux diagnostics de VIH a baissé de 5% en 2016 par rapport à 2015 et de 41% en comparaison avec 2012", précise l'ISP.
Chez les hétérosexuels belges, par contre, le nombre de nouveaux diagnostics est resté stable au cours de la dernière décennie, avec 104 diagnostics en 2007, 105 en 2015 et 91 en 2016.
Le nombre de tests de dépistage pour le VIH a pour sa part augmenté de 5% en 2016. Soixante-quatre tests VIH par 1.000 habitants ont ainsi été réalisés. La proportion de nouveaux diagnostics est de 1,26 par 1.000 tests. Il est à noter qu'un tiers des infections au virus du sida ont été diagnostiquées tardivement. Les diagnostics tardifs restent plus fréquents chez les hétérosexuels (43%) que chez les HSH (23%).
La baisse des infections au VIH est, pour l'Institut de santé publique, "un signe encourageant". Mais, "la vigilance reste de mise car le nombre de nouveaux cas de VIH diagnostiqués en Belgique reste globalement élevé", souligne l'ISP.
Du côté de la plate-forme de Prévention Sida, on se réjouit que la tendance à la baisse se confirme pour la quatrième année consécutive. "Ce résultat encourageant est le fruit des efforts intensifs d'information et de prévention menés ces dernières années. Des efforts qui doivent être poursuivis et renforcés, car la bataille contre le VIH n'est pas encore gagnée: de nouvelles infections continuent à être diagnostiquées chaque jour", réagit mercredi la plate-forme dans un communiqué.
"Les chiffres le démontrent: la prévention combinée, qui mise sur la complémentarité entre les approches comportementales et bio médicales, est vraiment efficace. Pratiquement, elle peut se résumer en trois mots-clés: préservatif, dépistage et traitement", poursuit-elle.
Pour le directeur de la plate-forme, Thierry Martin, la diminution des cas de VIH de près de 10% est d'autant plus significative que le nombre de tests de dépistage a augmenté de 5% en 2016. "D'habitude, quand on dépiste davantage, on trouve davantage. Or ici, on a dépisté plus et on a trouvé moins", applaudit-il.
Selon lui, ces résultats invitent également les associations actives dans la prévention du VIH/Sida à continuer leur travail d'information, de sensibilisation et de prévention.
Au rayon des nouveaux moyens de prévention prometteurs, l'Institut de Médecine Tropicale (IMT), qui est un centre de référence sida, considère la pilule préventive PrEP (Pre Exposure Prophylaxis), soit un traitement antiviral préventif empêchant le virus du sida de pénétrer dans l'organisme, comme plein d'avenir. "Depuis juin 2017, cette méthode innovante est remboursée pour les groupes qui courent le plus grand risque de contracter une infection au VIH. Les prochaines années, nous apprendrons si la PrEP peut aussi effectivement assurer une nouvelle baisse du nombre de nouveaux diagnostics du VIH en Belgique. Cela dépendra en grande partie de l'encadrement et des soins prêt&ea cute;s à la PrEP, ainsi que de l'utilisation correcte du traitement", souligne l'Institut.
Tant l'IMT que la plate-forme Prévention Sida rappellent par ailleurs l'importance de rendre les tests HIV le plus accessibles possibles. Des tests fréquents permettent en effet de réduire le temps qui s'écoule entre le diagnostic du VIH et le démarrage d'un traitement antiviral. Ce qui signifie donc moins d'infections. "Les personnes porteuses du VIH qui sont bien traitées, ne peuvent plus transmettre le virus. En un mot, des tests réguliers et ciblés ainsi qu'un traitement intervenant rapidement semblent bien fonctionner et nous devons poursuivre sur cette voie", déclare l'experte du VIH à l'IMT, Marie Laga. "La connaissance de son statut sérologique est un levier clé dans la lutte c ontre l'épidémie: la majorité des cas de transmission du VIH est le fait de personnes qui ignorent qu'elles sont séropositives. Le dépistage joue dès lors un rôle décisif en tant qu'outil de prévention et, plus particulièrement encore, le dépistage précoce", note de son côté la plate-forme Prévention Sida.
En 2015, le nombre de personnes vivant avec le VIH en Belgique était estimé à 18.758 personnes, ce qui correspond à une prévalence de l'infection à VIH de 1,7 personnes par 1.000 habitants. Parmi elles, 2.873 personnes n'auraient pas encore été diagnostiquées, soit 15,3% de la population séropositives.