Réforme des hôpitaux: «Nous sommes au pied du mur» (Dr Ph. Devos)

« Nous attendons des réformes depuis 20 ans pour le secteur hospitalier. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre encore deux législatures pour qu’elles se concrétisent », prévient Philippe Devos (Unessa) à la lumière des résultats de l’étude Maha.

« En 2023, le financement hospitalier n’a pas suivi les hausses des coûts des médicaments et de l’énergie que le secteur hospitalier a dû subir », analyse le Dr Philippe Devos. « La situation financière des hôpitaux était déjà compliquée. Avant le Covid, un tiers des hôpitaux étaient dans le rouge. Maintenant, deux tiers des institutions sont en déficit. Il y a un léger redressement, mais il se fait au prix de la réduction des investissements en matériel. Ce redressement n’est pas tenable dans le temps, car arrêter ce type d’investissement n’est pas une bonne nouvelle pour le patient belge. »

Indexation des honoraires

L’ancien président de l’Absym remarque que l’indexation décalée des honoraires médicaux n’a pas aidé les hôpitaux ni le corps médical. « Cela fait des années que nous demandons de raccourcir ce décalage. Il y avait un accord avec le gouvernement pour le réduire à six mois au lieu d’un an, mais cela n’a pas pu être réalisé. J’espère que les médecins et les hôpitaux vont pouvoir l’obtenir rapidement. L’étude Maha démontre que ce décalage a des effets systémiques importants pour les finances des hôpitaux et que ce n’est pas juste un caprice du corps médical. »

Philippe Devos se déclare préoccupé par l’augmentation des coûts de l’énergie, de la cybersécurité et des médicaments. « L’hôpital ne fait quasi plus de marge sur les médicaments. Il y a juste un transfert entre l’Inami et l’industrie pharmaceutique. »

Le nombre de postes vacants dans le secteur hospitalier inquiète également le patron d’Unessa. « De façon un peu caricaturale, peu importe le financement si, à un moment donné, les hôpitaux ne peuvent plus délivrer des soins parce qu’ils n’ont plus de bras ! C’est un véritable enjeu. Le taux d’absentéisme (12 %) montre également que nous commençons à atteindre des limites par rapport à ce que nous pouvons demander aux travailleurs. Cette pression a des effets sur la santé du personnel. Si l'on ne peut pas recruter plus de personnel ni réduire la pression, la seule solution est de réformer le système hospitalier. Nous attendons des réformes depuis 20 ans. Nous sommes au pied du mur. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre encore deux législatures avant qu’elles ne se concrétisent, sans quoi nous serons comme le NHS, face à un échec du système. »

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