Parmi les mesures de budget annoncées, l'augmentation du ticket modérateur pour certains antibiotiques doit rapporter 14,8 millions d'euros dans les caisses de l'Etat en 2017. «Une disposition qui pénalise les patients les moins fortunés et n'est pas des plus efficaces pour limiter la surconsommation d'antibiotiques», estime Marie-Christine Closon, professeur en économie de la santé à l'UCL.
Pour ramener le budget dans la trajectoire européenne, le gouvernement fédéral prévoit d'économiser quelque 902 millions dans le secteur des soins de santé. «Faire porter une partie de l'effort aux patients, c'est la solution la plus facile. Seuls les médecins ont la maîtrise et la responsabilité de prescrire des antibiotiques», explique-t-elle. La mesure aura pour effet de «freiner les patients qui ont peu de moyens, tandis que les autres accepteront sans doute de payer leurs médicaments plus cher».
Selon le gouvernement, l'augmentation du ticket modérateur doit avoir pour corollaire de limiter la consommation excessive d'antibiotiques, mais Mme Closon voit d'autres solutions plus efficaces. «Sanctionner les médecins qui prescrivent trop d'antibiotiques» ou encore «sensibiliser davantage aux effets néfastes d'une consommation excessive d'antibiotiques par des campagnes plus visibles et percutantes» que celles qui existent déjà, avance-t-elle.
Depuis les années 2000, les pouvoirs publics lancent chaque année, à l'automne, des campagnes d'information visant à sensibiliser médecins et grand public aux dangers d'une surconsommation d'antibiotiques. Mais malgré ces efforts, la quantité d'antibiotiques prescrits a continué d'augmenter ces dernières années, selon une étude de l'UCL, publiée en juillet.
De son côté, la ministre de la Santé, Maggie De Block (Open Vld), concède que cette «toute petite mesure» touchera bien les patients, mais assure que l'ensemble des économies prévues les affectera très peu.