Unia, en collaboration avec la Mutualité chrétienne, mène une étude approfondie sur l'impact du racisme dans le secteur des soins de santé en Belgique. Selon une étude exploratoire récente, près d'une personne sur dix se sent discriminée par les prestataires de soins, ce qui entraîne des conséquences sur leur accès aux soins et leur confiance dans le système médical.
Une attitude condescendante, de la grossièreté, un manque d'intérêt pour elles en tant que personnes… Les personnes issues de groupes racisés ont le sentiment d'être moins bien traitées par les prestataires de soins de santé. Ce constat ressort d'une étude exploratoire sur le racisme dans le secteur des soins de santé en Belgique, menée auprès de 2 189 personnes. Par ailleurs, ces expériences de discrimination et de manque de respect empêchent ces personnes d'accéder aux soins de santé. Il est aussi important de préciser qu’en général, les personnes interrogées dans le cadre de cette étude ont jugé que les soins qu'elles ont reçus étaient de bonne qualité.
Une étude plus approfondie en cours sur la pratique
Ces premiers résultats constituent la base d'une étude plus approfondie sur l'impact du racisme sur l'accès aux soins de santé qu'Unia vient de commencer en collaboration avec la Mutualité chrétienne. Cette étude va combiner des méthodes qualitatives et quantitatives. Un rapport devrait être publié fin 2026. « Le racisme a des conséquences négatives sur la santé mentale et physique des personnes. Dépression, stress chronique, anxiété, hypertension artérielle, obésité et troubles digestifs ne sont que quelques-uns des maux dont souffrent les personnes concernées. Les personnes racisées sont donc plus sujettes aux problèmes de santé », précise Unia, ex-Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, une institution publique indépendante qui lutte contre la discrimination et défend l’égalité des chances en Belgique.
Perte de confiance dans les médecins
Lorsqu'on leur demande comment elles estiment être traitées par le prestataire de soins, on constate également une nette différence entre les personnes appartenant au groupe racisé et celles n'appartenant pas à ce groupe. En effet, 9 %, soit près d'une personne sur dix, se sentent discriminées. 16,1 % d'entre elles font l'expérience d'un manque de respect et 19,1 % ont l'impression que les autres patients sont traités avec plus de respect. Quelle conséquence ? Elles perdent confiance dans le monde médical et sont moins enclines à recourir aux soins de santé, ou elles reportent leur traitement. Parmi toutes les personnes interrogées qui signalent une discrimination ou un manque de respect, 79 % ne déposent pas plainte. Cependant, les personnes appartenant à un groupe racisé le font nettement plus souvent. En général, les personnes interrogées signalent le plus souvent les traitements irrespectueux ou la discrimination sur les réseaux sociaux, à la police, à l'Ordre des médecins ou à un service de médiation.
Changement plus rapide de médecin et report de soins plus fréquent
La probabilité que les patients appartenant au groupe racisé changent de prestataire de soins après avoir subi une discrimination est 2,5 fois plus élevée que pour les personnes n'appartenant pas au groupe racisé. « En outre, 65 % du groupe racisé ont reporté des soins au moins une fois, contre 45 % du groupe non racisé. Le fait que les personnes racisées reportent plus souvent les soins ou changent de prestataire de soins a un impact négatif sur les soins de santé qu'elles reçoivent et donc sur leur santé. Le risque de reporter les soins est également élevé lorsque l'on vit dans la pauvreté. Enfin, la combinaison de la pauvreté et de l'appartenance à un groupe racisé renforce encore davantage les inégalités », peut-on lire dans le rapport.
Même constat à l’étranger : un temps d’attente plus long
Diverses études internationales montrent que les personnes racisées subissent des temps d'attente plus longs dans les services d'urgence, un traitement inapproprié de la douleur, un score de triage plus bas, des traitements différents pour l'hypertension artérielle et suite à un diagnostic psychologique.
> Découvrir l'étude exploratoire