Il est des lieux qui sont loin d’être des temples de la réjouissance. L’hôpital est de ceux-là, et il est sans doute peu inspirant pour le monde artistique. Pourtant, un jeune photographe s’y est risqué. Il propose à Bruxelles une remarquable exposition, toute en nuances, sur l’institution, les soignants et les patients. A voir absolument. Jusqu'au 13 avril .
L’hôpital est un lieu où le public n’entre guère de gaieté de cœur, que ce soit pour y être soigné ou pour rendre visite à une personne hospitalisée. Bien qu’il évoque la notion d’accueil et d’hospitalité, c’est un endroit un peu mystérieux, dont Monsieur Tout-le-Monde ne connaît que quelques clichés, au sens presque caricatural du terme.
Le quotidien invisible des professionnels
L’hôpital est pourtant un lieu où des professionnels appartenant à de nombreux métiers différents s’activent tous les jours et s’efforcent d’exercer leurs compétences au bénéfice des patients, que ce soit directement (soignants) ou indirectement (gestionnaires, personnel d’entretien). Bien souvent, ces professionnels mènent des combats durs, difficiles et exigeants. Mais ils n’ont que rarement l’occasion de percevoir le reflet d’eux-mêmes en pleine bataille contre la maladie et la souffrance.
Une exposition tout en humanité
Pour donner aux uns et aux autres une image d’eux-mêmes, des drames qui se déroulent dans ce milieu et de l’intense esprit d’humanisme, d’empathie et de compassion qui s’y déverse chaque jour, même à travers la technicité, il fallait un photographe de talent. Marin Driguez a relevé ce défi audacieux et présente à Bruxelles une remarquable exposition photographique sur l’hôpital public. Le titre de l’exposition est déjà très explicite : Prendre soin.
Ses photos, toutes empreintes d’une grande sensibilité, nous expliquent par l’image la vie de l’hôpital. Pas de légendes : elles sont inutiles, tant on reconnaît immédiatement les situations et tout ce qu’elles signifient de douleur, de drame, mais aussi d’empathie et d’humanité. Et pourtant, aucun de ces messages picturaux n’est entaché de grandiloquence ou, au contraire, de négativisme. Chacun s’y retrouve, qu’il soit professionnel, patient ou visiteur. Tout y est pudeur et dignité.
C’est un véritable hommage à l’Hôpital avec un grand H, aux soignants et aussi aux patients. C’est en même temps une invitation à la réflexion.
Un travail de longue haleine
Marin Driguez est français. Né en 1999, il vit et travaille entre Bruxelles et Paris. Dès 2014, il a commencé à documenter les luttes sociales et l’actualité française. En 2017, il a entamé des études de photographie au 75, une école artistique renommée à Bruxelles. C’est déjà pendant ses études qu’il a commencé son travail sur l’hôpital. Il y a consacré sept ans.
En pratique
L’exposition est visible gratuitement jusqu’au 13 avril, tous les jours de 13h à 19h, au n°5 de la place Sainte-Gudule (près de la cathédrale). On peut y contempler 35 photographies. Un ouvrage de 85 illustrations complète abondamment l’exposition. Il est disponible sur place au prix de 35 euros. Des témoignages de patients sont repris dans un dépliant gratuit.