La Commission européenne a présenté mardi un mécanisme de solidarité volontaire en matière de médicaments, qui permettra aux États membres de s'entraider en cas de forte pénurie chez l'un d'entre eux.
Grâce à ce mécanisme, un État qui se retrouverait en pénurie critique sur un médicament particulier pourra le signaler aux autres pays de l'UE qui, s'ils y sont disposés, pourront lui répondre en redistribuant les médicaments qu'ils ont en stock.
Ce mécanisme fait partie d'un ensemble de mesures en vue de cet hiver et des prochains. Les récentes pénuries critiques, notamment de certains antibiotiques l'hiver dernier, ont démontré la nécessité de se coordonner, selon la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides.
Grosse productrice de médicaments, la Belgique, par le biais de son ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke, avait formulé diverses propositions ces derniers mois. La Commission en a retenu certaines, comme celle du mécanisme de solidarité.
D'ici la fin de l'année, l'exécutif européen compte aussi établir une liste des "médicaments critiques", première étape dans l'analyse de la chaîne d'approvisionnement pour ce groupe de médicaments sélectionnés, qui sera effectuée d'ici avril 2024. L'analyse montrera ensuite les domaines dans lesquels des mesures supplémentaires sont nécessaires.
La Commission a également l'intention d'instaurer une "alliance", opérationnelle au début de 2024, incluant les autorités nationales, l'industrie, des représentants de la société civile, contre les pénuries de médicaments et les vulnérabilités de la chaîne d'approvisionnement. La pandémie de covid-19 et l'agression militaire russe contre l'Ukraine ont en effet mis en lumière des dépendances européennes. L'Alliance devrait ouvrir la voie à une législation européenne.
Le ministre Frank Vandenbroucke s'est réjoui de constater que la Commission considère la production européenne de certains médicaments comme un enjeu public. Cela permettrait aux producteurs de faire appel à des aides d'État en échange d'un service public. "C'est un énorme pas en avant. Ce n'est qu'ainsi que nous veillerons à garantir des médicaments vitaux à chaque patient, dans notre pays et dans le reste de l'Union européenne".
Ces derniers mois, la Commission a déjà pris certaines mesures pour garantir la disponibilité d'antibiotiques pour cet hiver. Sur base des éléments dont elle dispose, elle s'attend à une offre suffisante des principaux antibiotiques, du moins si la demande n'augmente pas considérablement par rapport aux années précédentes. Elle envisage pour l'hiver prochain un achat commun d'antibiotiques.