Les mesures contraignantes visant à contenir la circulation du virus sont instaurées maintenant depuis plusieurs mois. Si elles ont permis, jusqu’à présent, d’éviter une 3e vague tant redoutée, ce n’est qu’au prix de conséquences économiques et humaines dramatiques au plan individuel et sociétal.
L’extrême limitation des contacts sociaux en particulier familiaux commence à miner le moral de la population, des jeunes aux plus âgés. Les mesures d’enfermement à l’intérieur des frontières constituent une atteinte complémentaire aux libertés fondamentales. Les secteurs de la culture, de l’horeca et des voyages sont au bord de l’asphyxie. Les psychologues et pédiatres sont inquiets des répercussions sur la santé mentale des jeunes.
Nous sommes cependant à la croisée des chemins et un déconfinement inconsidéré risque de conduire à une résurgence non contrôlable de l’épidémie à l’instar de ce qui a conduit à la 2e vague particulièrement meurtrière dans notre pays.
Les propos tenus par nos responsables politiques restent empreints d’une grande prudence et nous ne devons pas nous attendre à des changements radicaux de notre quotidien dans les prochaines semaines… au risque de voir naître une tension déjà perceptible dans la population voire une révolte dont les prémices se font sentir chez plusieurs groupes sociaux.
Il s’agit donc d’être créatif afin de concilier le retour rapide à une vie plus normale tout en empêchant une amplification de la transmission du virus avec les conséquences attendues en termes d’hospitalisations et de risque de saturation de notre système de soins.
Actuellement, 20 à 25 % des citoyens ont été contaminés par le virus du Covid. Ils sont largement protégés d’une nouvelle infection qui reste exceptionnelle ainsi qu’en témoigne une étude toute récente publiée dans le New England Journal of Medicine (1). Par ailleurs, contrairement aux idées généralement reçues, la vaccination empêche très probablement la transmission du virus, comme l’indiquent des données scientifiques de plus en plus robustes (2-4). Il est indispensable d’accélérer le programme de vaccination en impliquant les médecins généralistes et les spécialistes hospitaliers, en différant la 2e dose de vaccin, en limitant la vaccination à une seule dose pour les sujets ayant déjà été atteints par le Covid. Mais, même si toutes ces conditions sont réunies, au mieux 40 % de la population sera protégée dans les prochaines semaines, soit par une immunité acquise par l’infection, soit par le vaccin. Chiffre insuffisant pour assurer l’immunité collective à moyenne échéance.
Améliorer la détection
Afin de pouvoir reprendre plus rapidement une activité sécurisée dans tous les secteurs impactés par la crise sanitaire, nous proposons le concept de Pass Covid. Il intégrerait le statut vaccinal, le statut sérologique des personnes ayant été précédemment infectées par le virus et, pour les citoyens non immunisés, un test détectant la présence du virus. Il pourrait s’agir de PCR ou de tests antigéniques rapides pratiqués par frottis naso-pharyngé, frottis nasal ou prélèvement salivaire. La réalisation de tests antigéniques rapides sur frottis nasal cumulerait les avantages de la simplicité du prélèvement, de la rapidité du résultat et du faible coût. Tous ces tests possèdent une sensibilité suffisante pour détecter les personnes positives à risque de transmettre le virus (5). Toutefois, la garantie de non-contagiosité assurée par ces tests reste limitée dans le temps. Ils devraient donc être réalisés dans les 24-48h précédant la participation à un événement actuellement interdit.
Les aspects techniques ne constituent pas un obstacle à la réalisation très rapide de ce Pass Covid. En pratique, il s’agirait de développer une application digitale spécifique connectée aux plateformes sécurisées déjà existantes dont l’interface recevrait les données de vaccination (immunité vaccinale), les informations sérologiques (immunité acquise par la maladie) et celles de détection virale (absence de virus). La possibilité d’accès aux différents secteurs actuellement non accessibles (culturel, Horeca, voyages…) serait conditionnée par un feu vert de non-contagion sur l’application mobile dédiée.
Le côté original et non discriminant de cette proposition est d’associer au statut immunitaire un test de recherche du virus chez les personnes qui n’ont pas la possibilité actuelle de se faire vacciner.
La confidentialité des données médicales sera garantie, aucune information médicale ne transitant par l’interface d’autant plus que ce Pass Covid ne serait finalement utilisé que par des personnes « en bonne santé » non à risque de transmettre le virus.
Le coût des tests de détection virale, devrait être essentiellement pris en charge par le gouvernement fédéral. En outre, indépendamment de son objectif principal, le projet aurait l’avantage de stimuler tant la vaccination que le testing, ce dernier, combiné à un traçage, restant un outil indispensable pour contenir l’épidémie tant que la campagne de vaccination n’aura pas atteint ses objectifs.
Le Pass Covid que nous proposons est en cohérence avec la Commission européenne qui vient d’annoncer la programmation pour l’été d’un passeport Covid digital identique à notre proposition afin de faciliter la libre circulation en sécurité au sein de l’UE.
Notre proposition de Pass Covid temporaire permettrait à court terme à chaque citoyen de retrouver en sécurité un espace de liberté et donnerait aux secteurs actuellement asphyxiés une bouffée d’oxygène indispensable à leur survie.
Lire aussi: La Commission européenne proposera ce mois-ci un passeport Covid digital
Derniers commentaires
Jean-Pol BEAUTHIER
04 mars 2021Parfaitement d'accord. Ce Pass permettrait de manière relativement aisée, avec une vaccination la plus massive possible, de retrouver une vie plus proche de la normale.
Jean-Pol Beauthier