Que pense la plus puissante fédération hospitalière francophone du Plan infrastructures du ministre Maxime Prévot?
Sur le mécanisme proposé par le ministre Wallon de la santé, Yves Smeets, directeur général de santhea n’a guère de remarques négatives à formuler. «Nous sommes nettement plus critiques par rapport aux montants qui ont été retenus. Ils sont insuffisants par rapport aux défis que doit relever le secteur hospitalier et au renouvellement des infrastructures. Le gouvernement wallon ne financera finalement que 72,5% du coût des bâtiments pour les nouvelles constructions. C’est trop peu. D’autant plus que cette moyenne est injuste parce qu’elle ne tient pas compte de la réalité des projets», commente l’expert en financement hospitalier. «Pour arriver à ce pourcentage, le gouvernement s’est basé sur le fait qu’en moyenne le SPF santé publique considère que 80% des nouvelles constructions sont à charge du Budget des moyens financiers (BMF) des hôpitaux et 20% à charge des honoraires. Ce calcul – «à la grosse louche» – était examiné au cas par cas. Au CHU Tivoli, où nous construisons une nouvelle aile d’hospitalisation – qui abritera 3 étages d’hospitalisation, un nouveau quartier opératoire, un nouveau service des urgences – 98% des surfaces sont à charge du BMF. Dans ce dossier, au lieu d’être financé par la Région wallonne à 98%, nous le serons à 72,5%. C’est insuffisant ! Par contre, il ne serait pas logique qu’un hôpital qui créerait 4 étages de consultation bénéficie du taux de 72,5%.»
Yves Smeets souligne que l’idée de départ était d’avoir une clé de répartition de 80%/20%. «C’était déjà problématique. Pour réaliser des économies de bouts de chandelle, le gouvernement a finalement décidé d’abaisser sa contribution de 80% à 72,5%. Le nouveau mécanisme va être soumis à la Commission wallonne de la Santé ou à l’AWIQ. Nous allons faire part de nos remarques est essayer d’améliorer le modèle.»
Trouver le bon rythme
Le directeur général de santhea estime que mettre en avant les contraintes budgétaires pour justifier les taux maximum facturables est un faux problème puisque c’est le gouvernement lui-même qui fixe le rythme auquel il veut reconstruire les hôpitaux. «Il peut décider qu’il subsidie seulement 3 ou 4 hôpitaux au lieu de 5 ou 6 dans les 5 ans à venir. Je préfère qu’on étale davantage dans le temps le renouvellement du parc hospitalier que de sous-financer dès le départ tous hôpitaux qui veulent construire. Où va-t-on d’ailleurs aller chercher l’argent pour combler les trous? L’hôpital ne peut pas se retourner vers les patients? Doit-il demander une contribution supplémentaire aux médecins? On pourra trouver un financement auprès des banques mais il doit être remboursé par des recettes.»
Un autre point de la note du ministre Prévot inquiète santhea. Il concerne les patients qui ne sont pas assurés auprès d’une mutuelle (accidentés du travail, fonctionnaires européens, personnages à charge du CPAS…). «Nous proposons la création d’un fonds auprès de l’AVIQ auquel les hôpitaux pourraient adresser leurs factures pour être remboursés du prix d’hébergement. Dans le cas contraire, les institutions auront des difficultés pour récupérer leur argent.»