« La prise en charge du patient n'est pas adaptée et en repensant le modèle, on pourrait permettre une meilleure intégration de soins », selon Le Dr Eduard Portella directeur d'Antares qui plaide pour « un projet médical commun indispensable»
Pour la troisième année consécutive, ING Belgique, en collaboration avec Antares Consulting, a réalisé une étude du secteur hospitalier belge tout en analysant ce qui se pratique dans d'autres pays comparables. Cette année, le rapport « Health ProspectING » est consacrée à la meilleure intégration des soins.
«La Belgique fait face à une hausse importante des patients chroniques, fragiles et complexes. » explique le Dr Eduard Portella directeur d'Antares qui s’étonne de voir que ces patients ne représentent ...certes que 25% des patients mais 70% du total des dépenses en soins de santé.
Développer le « hors murs »
L’enquête montre qu’il est possible de mettre en place 5 éléments-clés pour réussir la transformation du système des soins et une meilleure intégration des soins parmi les quels le renforcement de la prévention et surtout la reconfiguration de l’hôpital. « Il faut lui permettre d’assumer un rôle de coordination, afin qu’il s’ouvrir à une possible diversification des formes de prise en charge, tout en contribuant à développer l’activité « hors murs». pour le Dr Eduard Portella.
L’enquête rappelle aussi l’importance de la problématique de l’occupation des lits aigus en Belgique : 5 % sont occupés par des patients souffrant des pathologies chroniques suivantes : insuffisance cardiaque, diabète, BPCO ; 17 % par des patients admis plus de trois fois au cours de la dernière année et 15 % par des réadmissions dans les 30 jours et enfin 19 % sont occupés par des patients admis depuis plus de 30 jours et 27 % par des patients admis depuis plus de 20 jours.
Indispensable projet médical commun
L’étude montre que la fragmentation des différents intervenants médicaux, paramédicaux, sociaux, ou autres, est génératrice de problématiques importantes, parmi lesquelles une difficulté d’implication du patient ou des professionnels. De même, on constate parfois une dilution des responsabilités. Ce phénomène s’accompagne souvent d’une absence de prévention des hospitalisations évitables. « Le projet médical commun est le ciment de la collaboration entre structures de santé, qu’il s’agisse d’un rapprochement d’établissements, ou de relations entre les professionnels de ville et l’hôpital. »
Dans cette réflexion des soins intégrés, les objets connectés auront leur place : 80 à 100 milliards sont annoncés d’ici 2020. « Dans de nombreux exemples internationaux, des études montrent le rôle facilitateur que les TIC peuvent jouer, notamment dans le cadre de l’« empowerment » du patient, d’une meilleure gestion du traitement de la pathologie dans sa globalité, et dans la transmission d’indicateurs, entre autres. » ajoute l’étude.
L’enjeu financier pour l’hôpital
Aujourd’hui, le financement des travaux dans certains hôpitaux s’heurte au refus des banques. L’intégration des soins peut-elle aider à ce niveau ? « En Région wallonne, le système de financement des hôpitaux interpelle les banques. La prise de risque du management du corps médical est plus importante. Il faut donc une réflexion plus globale. L'intégration des soins peut permettre une meilleure répartition des coûts et peut-être même une diminution des dépenses publiques » précise le Dr. Portella.
Soigner le patient au bon endroit
Pour cela, il est indispensable selon l’étude, que la réforme des réseaux débouche sur un vrai suivi des soins qui vont du médecin généraliste au médecin spécialiste en passant par le kiné... avant et après son hospitalisation. «La continuité des soins doit vraiment être améliorée. Aujourd’hui, il y a encore trop de personnes qui ne sont pas soignées au bon endroit au bon moment et cela représente un coût » conclut le Dr Eduard Portella