Des chercheurs belges ont identifié le lien entre l'eczéma atopique et d'autres affections allergiques, indique jeudi l'hôpital universitaire UZ Brussel. Cette découverte ouvre la voie à la possibilité d'un traitement précoce de cette réaction inflammatoire de la peau et l'une des affections cutanées les plus courantes, qui touche environ 20% des enfants et 10% des adultes.
Les symptômes possibles de la dermatite (ou eczéma) atopique sont des rougeurs, des démangeaisons, une peau qui ressemble à du papier de verre et une desquamation.
Le groupe de recherche SKIN de l'UZ Brussel et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) a dès lors entrepris d'étudier le rôle du système immunitaire dans le développement de cette affection, en collaboration avec l'Université allemande de Bonn et le Centre suisse Christine Kühne - Center for Allergy Research and Education. Il en a conclu qu'il existe un lien étroit entre la présence d'anticorps IgE autoréactifs (qui attaquent le propre corps) et l'eczéma atopique associé à des allergies fréquentes telles que l'inflammation allergique des voies respiratoires et les allergies alimentaires.
L'IgE (ou immunoglobuline E) est une protéine qui peut se former lors de réactions allergiques et à laquelle le système immunitaire réagit, par exemple en développant de l'eczéma ou une inflammation de la muqueuse nasale.
Les chercheurs ont analysé des échantillons de sang de plus de 600 patients souffrant de dermatite atopique afin de détecter la présence de ces anticorps dirigés contre la peau humaine. Ils ont découvert un lien étroit entre l'autoréactivité des IgE chez les patients atteints d'eczéma et les maladies allergiques, notamment le rhume des foins, l'asthme allergique et les allergies alimentaires. Les personnes concernées sont ainsi presque toujours affectées par une ou plusieurs autres allergies. Il existe en outre une forte corrélation avec des facteurs tels que la naissance pendant la saison pollinique, un âge adulte jeune et peu de contact avec les animaux domestiques.
Selon le professeur Jan Gutermuth, chef du service de Dermatologie de l'UZ Brussel, "c'est la première fois qu'une étude d'une telle ampleur est menée sur les phénomènes auto-immuns dans l'eczéma atopique. La présence de ces anticorps pourrait aider à identifier à un stade précoce chez les enfants s'ils sont susceptibles de développer certaines allergies". A ses yeux, cette découverte est importante car elle ouvre potentiellement la voie à une meilleure prévention et à un traitement précoce de l'eczéma atopique, mais aussi de l'asthme allergique et du rhume des foins.
Les chercheurs belges, allemands et suisses souhaitent à présent étudier quand et comment les auto-anticorps IgE se développent chez les enfants et si la présence de ces auto-anticorps peut prédire le développement d'une dermatite atopique, d'une allergie alimentaire, d'une rhinite allergique ou d'un asthme. Ce type de connaissances pourrait, espèrent-ils, ouvrir la voie à une prévention spécifique et à un traitement très précoce pour limiter les symptômes chez les enfants et les adultes atteints.