Aujourd’hui, le SPF Santé publique a lancé une campagne de sensibilisation: «Psychotropes : quels risques pour vos patients? Ensemble, favorisons un usage adapté.» De récentes études montrent que la consommation élevée et inappropriée de psychotropes (tels que les antidépresseurs, les benzodiazépines, les antipsychotiques ou les psychostimulants) est préoccupante en Belgique.
Pour rappel, en 2022, 1 Belge sur 4 a pris au moins un psychotrope, soit 3 millions de patients. L'objectif principal de la campagne est clair: informer les professionnels de la santé, et en particulier les médecins généralistes, les pharmaciens et les psychologues, et les sensibiliser au rôle crucial qu'ils jouent pour une bonne utilisation des psychotropes.
Une évaluation permanente des besoins
Le ministre fédéral de la santé se veut très clair: «Cette campagne représente un premier pas vers une politique plus ferme en matière de psychopharmacologie. Cette démarche s’articule autour de trois grands principes: en tant que soignant, les prestataires doivent mieux comprendre les besoins réels du patient et s’orienter vers des solutions non médicamenteuses. Le recours aux psychotropes peut s’avérer nécessaire, mais il faut alors l’utiliser de façon adéquate et éviter un usage chronique avec une réévaluation permanente. Enfin, il faut évoquer la question des effets secondaires dès le début. L’élaboration d’un traitement est un processus partagé autour du patient et avec le patient lui-même. C’est pour cela que nous lançons cette campagne vers les professionnels de santé.»
Des formations des soignants
Cette campagne va durer 8 mois avec des focus sur les molécules, la collaboration multidisciplinaire.... Sabine Stordeur, directrice générale de la DG Soins de Santé du SPF Santé publique rappelle l’objectif de cette campagne : « inciter les médecins, les pharmaciens et les psychologues à collaborer. Nous mettons de nouveaux outils à leur disposition avec une entrée spécifique pour chacun des acteurs. Il s’agit d’un site évolutif avec des vidéos courtes et ciblées. Le site sera aussi nourri par de nouvelles études et statistiques. Par ailleurs, le psychologue clinicien devient un troisième acteur important avec des prises en charge psychologiques pour éviter la prise de médicament.»
Enfin, les différents acteurs pourront compter sur «des formations prévues pour améliorer la prise en charge et accessible sur le site web usagepsychotropes.be notamment.»
Changer les formats des médicaments
Tant Mme Stordeur que le ministre Vandenbroucke ont abordé une autre question sensible: «L’offre de médicaments va devoir coller mieux aux schémas de prescription : réduire les volumes, les quantités et avoir des volumes qui correspondent aux schémas thérapeutiques. Nous réfléchissons à la possibilité d'achats par unité dans certains cas. Nous avons des discussions avec tous les acteurs. D’un pont de vue technique et pratique, cela va demander du temps.»
Le rôle crucial des professionnels de la santé à
Le ministre Vandenbroucke insiste: «Il faut évidemment une plus grande collaboration entre les psychologues et les généralistes. Les pharmaciens doivent jouer leur rôle au niveau du sevrage.»
Pour lui, les professionnels de la santé ont un rôle crucial à jouer qui va bien au-delà du diagnostic, de la prescription ou de la délivrance de médicaments: ils doivent toujours essayer de se diriger d’abord vers une solution non médicamenteuse. Ils ont également la responsabilité, dans le cas où une médication semble nécessaire, de suivre de près l’utilisation des psychotropes par leurs patients, de les informer, les motiver, les soutenir et les sensibiliser et de les réorienter de manière adéquate si nécessaire.
Pour ce faire, une première étape essentielle consiste à ouvrir le dialogue avec les patients sur leur utilisation des médicaments et sur les alternatives non médicamenteuses à leur disposition, comme l’adaptation de leur mode de vie ou le suivi (psycho-)thérapeutique.
S’ils décident de commencer un traitement médicamenteux chez un patient, les professionnels de la santé doivent également accorder une attention particulière aux effets secondaires, et ce dès le début du traitement. Par ailleurs, la durée appropriée — ni trop longue ni trop courte — et le sevrage progressif du traitement doivent aussi être abordés avec le patient dès le départ. Enfin, selon lui, la collaboration entre professionnels contribue grandement à un suivi global efficace du patient.
Cette campagne est réalisée en collaboration avec le groupe d’experts BelPEP (Belgian Psychotropics Expert Platform) ainsi qu’avec le soutien d’organisations professionnelles parmi lesquelles la SSMG, Domus Medica, l’APB, l’UPPCF et VVKP.
Derniers commentaires
Charles KARIGER
21 septembre 2023Effet Jupiler ?
Il fut un temps où les responsables belges souhaitaient à juste titre éloigner notre population de l’alcool.
Times there are changing !
« L’alcool
Une substance très addictive est en vente libre : l’alcool. Il a pour effet principal d’augmenter les niveaux de dopamine dans le système de récompense du cerveau de 40 à 360 %. Quelque 22 % de ceux qui ont « bu un verre » développent une dépendance à l’alcool à un moment de leur vie. L’alcool a également été classé comme la substance la plus dangereuse au monde par d’autres experts. »
Citation du LANCET
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(07)60464-4/fulltext
Tobacco and alcohol together account for about 90% of all drug-related deaths in the UK.
…
If a three-category classification were to be retained, one possible interpretation of our findings is that drugs with harm scores equal to that of alcohol and above might be class A, cannabis and those below might be class C, and drugs in between might be class B. In that case, it is salutary to see that alcohol and tobacco—the most widely used unclassified substances—would have harm ratings comparable with class A and B illegal drugs, respectively.
…
Smoked tobacco is the most addictive commonly used drug, with heroin and alcohol somewhat less so; psychedelics have a low addictive propensity.
…
Alcohol, ketamine, tobacco, and solvents were ranked as more harmful than LSD, ecstasy, and its variant 4-MTA.
…
Our results also emphasise that the exclusion of alcohol and tobacco from the Misuse of Drugs Act is, from a scientific perspective, arbitrary. We saw no clear distinction between socially acceptable and illicit substances.
…
Nos « responsables » se tromperaient-ils ? (Et pourquoi ?)