L’examen d’entrée en médecine a été critiqué à plusieurs niveaux. Les études montrent à l’unisson qu’un examen d’entrée n’est pas prédictif de la réussite du cursus. Mais si on ne peut pas le supprimer, comment le modifier à court terme ?
Le contexte politique et éducatif des études de médecine s’était en effet régularisé depuis le premier quadrimestre de 2017 où Marcourt, cédant à la pression du gouvernement fédéral installait un examen d’entrée à contrecœur pour sauver les étudiants en cours de cursus. En effet, une modification de l’arrêté royal de 2008 de juillet 2017 stipule qu’un INAMI ne peut qu’être accordé à un étudiant que si un système de sélection est en place ; le type de système de sélection n’est pas spécifié.
On se rend donc bien compte qu’il ne serait pas judicieux de supprimer cette sélection aux court et moyen termex puisque cela mettrait en danger les étudiants en cours de cursus.
L’examen d’entrée en médecine a été critiqué à plusieurs niveaux : scientifiquement, les études montrent à l’unisson qu’un examen d’entrée n’est pas prédictif de la réussite du cursus. Il s’agit donc d’emblée d’une mauvaise méthode de sélection. Mais si on ne peut pas le supprimer, comment le modifier à court terme ?
Pour ce faire, il faut d’abord mettre en évidence la faille principale du système d’entrée : la correspondance d’un nombre limité d’INAMI en fin de cursus. En effet, l’examen d’entrée est une variable binaire : si un étudiant réussit, il a donc accès aux études de médecine ; s’il échoue, il devra se réorienter. On comprend donc qu’il n’y a pas un nombre fixe d’étudiants prédéterminé qui va rentrer en première année. Par exemple, pour la cohorte d'étudiants en première année de cette année et qui seront diplômés en 2023, malgré 608 INAMI disponibles, beaucoup moins d’étudiants primo-inscrits ont réussi l’examen d’entrée ; de plus, la barrière des examens scientifiques de premier quadrimestre en a arrêté un certain nombre, réduisant encore plus le pool de médecins potentiels.
Un concours d'entrée comme en Flandre ?
Les politiques se sont lancés dans plusieurs propositions : notamment, l’élimination de la note d’exclusion. En effet, pour réussir l’examen d’entrée il faut obtenir une moyenne de 10 aux deux parties ainsi que plus que 8 sur 20 à chacune des matières (aussi appelée note d’exclusion). C’est ce dernier critère qui a posé le plus de problèmes lors de la sélection de septembre 2017, et a posé un obstacle à l’entrée en médecine. D’autres politiciens voudraient une double session d’examen d’entrée pour permettre à plus de monde de participer, comme en Flandre.
Même en adoptant ces caractéristiques, un gros problème reste : une planification correcte ne sera jamais possible avec un examen d’entrée. Les flamands l’ont compris, et cette année passeront vers un système de concours d’entrée : il faudra tout simplement être classé en ordre utile (et avoir une bonne moyenne à l’examen).
Un concours d’entrée permettrait une planification correcte du nombre de médecins en cours de cursus en faisant correspondre le nombre d’étudiants aux INAMI disponibles.
Il reste une mesure à adopter pour ajuster cette sélection aux moyen et long termex : l’adaptation du nombre de places disponibles au concours d’entrée (correspondants aux INAMI disponibles en fin de cursus) aux besoins de la population, représentés idéalement par un cadastre dynamique. L’étude de la démographie médicale doit prendre ici toute son importance pour assurer une planification pertinente.
Le débat sur la méthodologie de l’examen d’entrée va exploser dans le prochain mois avec l’approche de l’épreuve. Il ne reste qu’espérer que le monde politique entendra les arguments scientifiques en faveur d’une sélection correcte.
Derniers commentaires
Annick DE KEYZER
19 juillet 2018Je ne peux que m'associer à l'auteur pour demander une réforme de l'examen d'entrée en médecine. Je m'interroge cependant sur la pertinence baser celui-ci sur une planification au niveau national dans un contexte de libre circulation européen... Ne prendre en compte que le nombre d'étudiants nécessaires pour faire face aux besoins de la population belge, c'est oublier des éléments essentiels de l'équation, à savoir les diplômés belges qui iront travailler ailleurs dans l'UE et surtout (parce qu'ils sont bien plus nombreux, apparemment), les diplômés européens qui viennent travailler en Belgique. Au final, je m'interroge: une planification au niveau belge a-t-elle encore un sens, dans ce contexte?