La médico-mut, lundi soir, a vu patiner les discussions sur l’affectation linéaire versus sélective du bout d’indexation rescapé. Cette fracture entre syndicats médicaux ne doit pas faire oublier les raisons premières de la colère: une grogne commune contre les économies et le «style De Block». Le GBO a par ailleurs soulevé l’incohérence entre les dates butoir de l’e-prescription et du DMI obligatoire.
La dernière médico-mut n’a pu s’accorder sur le scénario avancé par Jo De Cock, son président, quant à la ventilation de l’index (partiel) entre les médecins. C’était la 5ème proposition, les quatre précédentes n’ayant pas abouti. L’ABSyM a exprimé son opposition à une affectation autre que linéaire, c’est-à-dire profitant à toutes les spécialités (voir par ailleurs sur ce site).
«Pour sa part, le Cartel était prêt à signer», relate Paul De Munck, président du GBO, «de même qu’AADM». Le 5ème scénario était pour lui la «moins mauvaise formule», étant «entre autres favorable aux consultations des MG et ‘petits spécialistes’ – terme peu flatteur et regrettable – mais favorable aussi, à certains égards, pour les spécialistes». Le syndicaliste se refuse à d’autres commentaires tant que les tractations sont en cours, et elles reprendront à la prochaine séance, le 19 décembre.
Donc, soit dit en passant, après la date limite de déconventionnement pour 2017. Car cette divergence de vues sur le banc médical, au final peu surprenante, ne doit pas occulter les épisodes précédents de la saga. Depuis octobre, tous autant qu’ils sont, les syndicats protestent contre le surcroit d’économies imposé par Maggie De Block – dont une énième privation d’index –, contre la rupture de confiance induite par sa gouvernance et des dérives du système de concertation médecins-Inami-mutuelles. Si les syndicats n’ont pu activer la résolution de plein droit de l’accord en cours, reste toujours la possibilité d’inviter les médecins à reconsidérer, individuellement, leur adhésion. Ou celle d’actions de protestation avec d’autres métiers, les pharmaciens, les kinés… Parce que, tout compte fait, l’audition des médecins chez la ministre et plusieurs séances voulues cathartiques à l’Inami n’ont rien changé à la donne de départ. «Les raisons du mécontentement initial n’ont pas disparu», admet le Dr De Munck.
Twist dans le calendrier : Recip-e reporté en 2020 ?
Par ailleurs, son syndicat a attiré lundi soir l’attention de Jo De Cock sur une incohérence dans le calendrier du plan fédéral e-santé. «Le Cartel avait obtenu que l’on repousse de 2018 à 2020 l’obligation faite aux MG de passer au DMI, le dossier informatisé. Et ce, pour ne pas précipiter le départ en retraite de nombreux confrères sexagénaires et peu versés en informatique. Or, la date butoir pour l’e-prescription est fixée à 2018.» Et de fait, en son point d’action n°4, le plan e-santé stipule bien qu’au 1/1/2018, toutes les prescriptions médicamenteuses devront être faites par voie électronique (sauf cas de force majeure). «Impossible de se soumettre à cette exigence de prescription sans papier avant que le DMI soit généralisé et les logiciels adaptés», reprend-il. «Le GBO a réclamé une harmonisation des échéances: l’e-prescription ne devrait être imposée qu’en 2020.»
En attirant l’attention sur cette incohérence de calendrier, le GBO affirme poursuivre «deux objectifs de santé publique»: obtenir l’adhésion maximale des médecins à la dynamique e-santé et éviter de faire fuir des effectifs quand certaines régions connaissent déjà une disette en MG.