Maggie De Block, l’Inami et les mutuelles cherchent des solutions pour lutter contre la fraude dans les soins de santé. Une des pistes explorées est de créer un point de contact auquel auraient accès les patients et les médecins. L’objectif est de traquer les actes prescrits et facturés qui ne seraient pas exécutés. L’Absym craint qu’un tel système détériore la relation patient-médecin et regrette l’attitude antimédical de certains médias et «partenaires du système».
Le syndicat médical- pour qui la surconsommation et les abus sont inadmissibles – rappelle que les outliers sont recherchés et appréhendés depuis des années. Entre autres par le Service d’évaluation et de contrôle médicaux (SECM) de l’Inami qui réalise des enquêtes et des études pour dénicher les fraudeurs. «La mise en place d’un système de clic en ligne va dès lors beaucoup trop loin, commente Marc Moens, président de l’Absym. Cela ne risque pas d’améliorer la santé des patients, que du contraire, cela ne fera que mettre à mal la relation entre le médecin et son patient. Les médias (en l’occurrence ici De Morgen, Het Nieuwsblad et De Standard : NDLR) dépeignent l’ensemble du corps médical comme fraudeur. Autant dire qu’il s’agit là d’un affront immérité à l’égard de la grande majorité de nos confrères qui effectuent leur travail toujours aussi scrupuleusement que possible, bien que ce type de désinformation soit plus vendeur… »
La médecine n’est pas un livre de recettes
L’attitude des mutuelles dans ce dossier fait aussi bondir le syndicaliste médical. «Dans le projet de plan d’action que l’Inami a soumis cette semaine, les mutualités exigent que leurs médecins-conseils disposent de tous les diagnostics des patients. Elles veulent elles-mêmes définir ce que leurs affiliés, nos patients, peuvent ou non recevoir comme traitement. En d’autres termes, les mutualités souhaitent faire de la médecine une recette à suivre dans leur propre livre de cuisine et l’organiser comme bon leur semble. Si le patient sort de la norme, qu’il se débrouille. Un assureur – parce que c’est bien là ce que sont les mutualités – n’a pas le droit d’accéder aux diagnostics posés sur nos patients. La sélection des patients devient alors un réel danger.»
L’Absym souligne que la mission d’organiser les soins des patients n’incombe pas aux mutualités. «Elles vendent des assurances, siègent dans bon nombre de conseils d’administration d’hôpitaux, gèrent des centaines de pharmacies, médiathèques, magasins de soins à domicile et bien plus encore. Si fraude et surconsommation il y a, les mutuelles sont autant concernées que nous. En outre, cela signifie que les grosses sommes d’argent que les mutualités perçoivent du gouvernement ne sont pas utilisées efficacement pour détecter et contrer d’éventuels abus. Et au sein du service de contrôle sur les mutuelles, ces dernières ont toujours le premier et le dernier mot.»