Alors que le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke et le SPF Santé publique vient de lancer une campagne de sensibilisation à destination des professionnels de la santé afin de freiner la consommation inquiétante des médicaments psychotropes dans notre pays et d’évoluer vers un usage plus adéquat de ce type de traitements, le plan benzodiazépine vient de passer le cap des 6 premiers mois. L'Association Pharmaceutique Belge nous a communiqué les premiers chiffres.

Un travail de terrain entre le médecin et le pharmacien est mené au quotidien au service du patient. Pour rappel, le patient doit d’abord signer un formulaire d’accord avec son médecin généraliste pour initier un programme de sevrage progressif aux benzodiazépines . Le patient apporte ensuite ce formulaire à son pharmacien. De son côté, le pharmacien peut avoir un entretien d’initiation avec le patient et un entretien de suivi (ce n’est pas obligatoire). En partant des spécialités prises par le patient, il réalise les préparations qui permettront le sevrage. Pour que le plan commence, le patient doit signer un formulaire d’accord (un contrat thérapeutique tripartite) avec le médecin et le pharmacien. Le patient ne doit rien payer de plus que le prix de sa boîte pour suivre ce plan.

Des chiffres encourageant

Les pharmaciens et les médecins accueillent en moyenne des demandes de 130 patients par semaine sur l’ensemble du pays. Ces personnes commencent dès ce moment-là un plan dans une pharmacie. Sur le terrain, on constante une belle collaboration avec les médecins . 3700 patients ont donc commencé ce plan depuis le mois de mars 2023.

10 palliers

La plupart des patients se sont vus prescrire par leur médecin des plans à 10 paliers à long terme. Les médecins préfèrent donc mettre en place la diminution de consommation de manière douce et continue plutôt que rapide. Pour rappel, pour les paliers, différents schémas sont possibles. C’est le médecin qui les détermine. Quand il y a 5 paliers, il y a une réduction de 20% des doses. Quand il y a 10 paliers, la réduction est de 10% des doses. Un palier peut durer maximum 30 jours. Le patient a droit à avoir deux rallonges s’il ne se sent pas bien. Il peut donc prolonger au maximum de 2 fois 30 jours. Ce qui fait que le plan de sevrage peut durer au maximum un an.

Budget

Si le succès est au rendez-vous à ce stade, la question budgétaire à long terme reste entière. « Des discussions doivent se poursuivre pour l’année prochaine pour que le programme devienne pérenne. Il y a aussi évidemment une évaluation qui va avoir lieu à la fin de l’année » nous confirme Nicolas Echement, porte parole de l'APB.

Pour rappel, l’objectif de ce plan « sevrage » est soit d’obtenir l’arrêt total de la consommation, soit de stabiliser celle-ci à une dose inférieure à celle qu’utilise le patient, en s’efforçant d’atteindre le niveau le plus bas possible. Ce plan de sevrage s’adresse à des patients qui ont 18 ans et plus en ambulatoire. Ces personnes doivent avoir un usage chronique (à partir de 3 mois d’utilisation) d’une benzodiazépine avec en première indication l’insomnie. À partir de ce moment-là, la personne est éligible au plan. Le patient ne peut utiliser qu’une seule benzodiazépine. S’il utilise plusieurs benzodiazépines, il faut d’abord que le patient réduise sa consommation à une seule benzodiazépine. À partir de ce moment-là, seulement, le patient peut entrer dans le plan de sevrage.