Le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke a défendu, mardi en commission de la Santé de la Chambre, le choix de conclure en 2022 avec la société la société de fournitures médicales Movianto le nouveau contrat de distribution du matériel sanitaire destiné à la lutte contre le Covid-19 au détriment de sa concurrente Medista, qui effectuait ces tâches depuis avril 2020.
Selon le ministre, ce choix répondait à la logique qui consiste à choisir "le meilleur service au prix le plus compétitif". Lors de l'appel d'offre, en juin 2022, il est apparu que Movianto proposait un tarif 30% moins cher que Medista pour le lot 1 du marché public (10,837 million s d'euros contre 15,189 millions pour Medista) et Raes Pharmaceutical Logistics était 55% moins cher pour le lot 2 (8,163 millions d'euros contre 18,346 millions d'euros pour Medista). Au total, cela fait une différence de 14,534 millions d'euros en défaveur de Medista, a constaté le ministre. En outre, depuis la conclusion du contrat, Movianto n'a utilisé que 35% du budget au bout de 16 mois là où Medista avait épuisé en 6 mois le budget prévu pour 4 ans.
Medista dénonce une procédure de marché public qui ne s'est pas déroulée de manière régulière et réclame le paiement de factures jamais honorées pour un montant de 5,3 millions d'euros. Mardi, Frank Vandenbroucke a justifié le refus des factures envoyées par Medista en raison de descriptions trop "succinctes et vagues". Il a aussi ajouté que l'entreprise avait refusé toutes les propositions de règlement à l'amiable.
Le ministre a également rappelé que l'arrêt du Conseil d'État d'août 2022 rejetait l'ensemble des arguments avancés par Medista. Il a en outre requalifié d'"enquête de fraude" l'audit annoncé vendredi.
Temporairement, le temps de cette enquête, le suivi des vaccins et du stock stratégique sera confié à un autre fonctionnaire spécialisé au sein du SPF Santé publique que celle impliquée dans l'affaire, a indiqué M. Vandenbroucke.
La fonctionnaire accusée par Medista d'avoir favorisé son concurrent Movianto a déposé plainte auprès de la police, a-t-on appris mardi à bonne source. Medista a eu recours aux services d'une société privée de renseignement israélienne pour obtenir ses confidences devant une caméra cachée. Durant un entretien filmé à son insu, la fonctionnaire a reconnu qu'elle avait aidé Movianto.
Frank Vandenbroucke a par ailleurs fait état d'un message reçu ce mardi par Thomas Creuzberger, le CEO Movianto Group. Le patron de la société multinationale dit y confirmer que Medista les a approchés "de manière très agressive en utilisant du matériel vidéo, dans l'objectif de réclamer de l'argent." "Tout avait à voir avec l'argent", a-t-il écrit au ministre.
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