Début mars, le CHR Sambre et Meuse à Namur inaugurait son nouveau service de psychiatrie, en présence de la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale. Un projet d’envergure co-construit par les différentes disciplines mais aussi par les patients au fil du temps, comme l’explique le Dr Stéphane Bage, chef du service de psychiatrie.
Depuis plus de vingt ans dans l’institution, le Dr Bage a repris la chefferie de service en 2021. Avec l’équipe, il s’est attelé à finaliser le projet qui était en réflexion: «Cela fait plusieurs années que l’on attendait ce nouveau service. L’autre commençait à être désuet. Précédemment, plusieurs de mes collègues avaient déjà émis des idées. Il y avait déjà une première ébauche du projet. Mais la difficulté dans un hôpital, c’est que lorsque l’on bouge un domino, tout le reste doit bouger de concert. Le véritable enjeu étant que tout le monde puisse avoir sa place en temps utiles et que les contraintes techniques, les cahiers de charges soient respectés».
Et c’est chose faite puisque le lundi 6 mars, le service de psychiatrie a pu déménager comme prévu. Le matériel puis les patients ont été transférés dans le service de psychiatrie flambant neuf, qui était anciennement le service de gériatrie.
De l’importance de l’architecture
Ces dernières années, de réels efforts ont été consentis par les institutions hospitalières pour mettre l’architecture au service des soins et du confort des patients. En psychiatrie, c’est encore plus le cas : «Dans notre discipline, il est vraiment important que le service soit beau, avec des couleurs apaisantes. Tout le monde comprendra aussi l’intérêt d’avoir suffisamment de lumière, avec de grandes baies vitrées. Avoir de grandes portes jusqu’au plafond donne une sensation de libération, stimule le moral. En psychiatrie, c’était vraiment essentiel et cela change tout», commente le Dr Bage.
La volonté d’améliorer le confort des patients s’est clairement traduite dans les faits. Le nouveau service a une superficie de 1067 m², soit plus de 100 m² en plus que le précédent. Fini les chambres à quatre lits. Désormais, les 30 lits sont répartis en 13 chambres doubles et 4 individuelles, auxquelles s’ajoute une chambre d’isolement. Outre les améliorations de chaque chambre avec la présence d’une télévision ou d’une douche, par exemple, le service dispose à présent d’espaces modulables selon les activités et d’une terrasse, autant d’éléments qui permettront aux patients d’avoir une certaine autonomie dans leur quotidien.
L’épigénétique prise en compte
Au CHRSM, le service de psychiatrie s’inscrit dans le modèle d’approche thérapeutique qui se base sur le modèle bio-psycho-social. « A mes yeux, c’est le modèle qui appréhende au mieux la complexité de nos pratiques. Pourquoi ? Parce qu’il y a une dimension sociale qui interagit avec la dimension médicale ainsi qu’avec la dimension psychologique proprement dite. Ces trois dimensions jouent un rôle », indique Stéphane Bage.
Et ce n’est pas tout. Aujourd’hui, on sait que l’épigénétique change la biologie, souligne le psychiatre. «On a toujours su qu’il existait des problèmes psychosomatiques. Maintenant, cela devient documenté. L’environnement joue sur le médical, le psychologique et le social. Il modifie jusqu’à notre ADN. Nous n’étudions pas ce phénomène dans les détails, mais nous en tenons compte. Nous n’avons pas la prétention de donner une explication de comment fonctionne l’être humain. Mais nous savons que c’est multifactoriel. Et non seulement, on le sait, mais on l’expérimente.»
Le corollaire est le travail en multidisciplinarité. «La parole de chaque membre de l’équipe multidisciplinaire a la même valeur. Et au niveau des psychiatres, nous avons chacun notre spécialisation et nous nous complétons», ajoute le Dr Bage.
Un travail de co-construction continu
Lorsque le Dr Bage regarde aujourd’hui le résultat, il est surtout fier de la façon dont le projet a été construit, ou plutôt co-construit : «Ce n’est pas le fruit du travail d’une seule personne. C’est l’ensemble des disciplines de l’équipe pluridisciplinaire qui ont été impliquées : psychiatres, psychologues, kinésithérapeutes, infirmiers, assistants sociaux, cases managers, etc. En outre, les patients ont également été interrogés sur leurs souhaits et leurs attentes par rapport à un nouveau service.»
Une autre particularité de ce projet est qu’il a mûri au fil des ans. «Nous avons retenu des propositions du personnel en place aujourd’hui, mais aussi des soignants qui ne sont plus dans l’institution et qui avaient amené des idées pertinentes à l’époque. Le fait que cela ait pris du temps avec les différentes équipes, et que l’on ait travaillé par essai-erreur, fait que l’on arrive à ce que l’on pouvait imaginer de mieux», se félicite le psychiatre.
Ce projet a été rendu possible grâce à un subside du gouvernement wallon à hauteur de 2.183.408,70 €, qui couvre la majeure partie du coût total de 2.660.708,93€. Un pas supplémentaire pour l’hôpital en tant que pôle de référence en santé mentale.