La suspension des téléconsultations pourrait-elle entraîner une vague de déconventionnement ?

Avec une pétition rassemblant près de 2 500 signatures, le Dr Stijn Geysenbergh mobilise les médecins généralistes contre la suspension des téléconsultations.

La suspension des téléconsultations, prévue à partir du 1er janvier 2025 pour économiser 68 millions d’euros, a suscité une vive polémique chez les généralistes. Les efforts pour reconsidérer cette décision lors du Conseil général du 21 octobre, consacré au budget des soins de santé pour 2025, n’ont pas été entendus.

Dans une lettre adressée au ministre Frank Vandenbroucke et à Mickaël Daubie, directeur général des soins de santé à l’INAMI et président de la médico-mut, l’ABSyM a formulé plusieurs arguments pour s’opposer à la proposition du Comité de l’assurance de suspendre les consultations téléphoniques.

Le premier argument était d’ordre budgétaire : le budget global des consultations des généralistes (physiques, téléphoniques et vidéo) est neutre, voire inférieur à l’index et au minimum de tendance. Deuxièmement, l’ABSyM a affirmé que les prestations justifiées sur le plan médical doivent être rémunérées équitablement. Enfin, le syndicat a rappelé que les téléconsultations sont un outil moderne, adopté dans de nombreux pays, et qui a notamment permis de contrôler la crise liée à la COVID-19.

« Le ticket modérateur pour les consultations est fixé par un arrêté royal vieux de 20 ans », a fait valoir l’ABSyM. « Il n’a jamais été indexé. Cette absence d’indexation pèse sur le budget des soins de santé des médecins et n’assure plus son rôle de bon usage du côté des citoyens. »

Le syndicat a ajouté : « Les médecins sont constamment sollicités pour fournir des efforts, et ils y ont répondu en digitalisant leur pratique, ce qui représente une économie considérable de temps de traitement pour les mutualités. Mais où sont les économies pour les médecins ? Honorez leur travail et maintenez les téléconsultations. La pétition le démontre amplement », a insisté le syndicat.

Une mesure qui va trop loin 

Le Dr Geysenbergh affirme avoir rassemblé plus de 2 300 signatures. « Quelques jours avant le 21 octobre, nous les avons envoyées à toutes les parties concernées à l’INAMI et au cabinet. Quelques réponses sont arrivées. La plus importante provenait de l’ABSyM, qui a clairement indiqué son opposition à cette décision. Les autres syndicats n’ont rien communiqué. De l’Union nationale chrétienne des mutualités, j’ai reçu un message succinct de Luc Van Gorp, qui disait en substance que je devais me résigner à cette décision et qu’on verrait plus tard comment les téléconsultations pourraient revenir, mais sous une forme forfaitaire. Pour l’instant, tout dépend du budget qui sera alloué pour 2025. Y aura-t-il des économies imposées ou plus de marge budgétaire ? La balle est désormais dans le camp du kern. »

Et de conclure : « Tout le monde s’emploie à préserver l’indexation et la norme de croissance, ce qui est un objectif louable. Mais cela risque de permettre à la suppression des téléconsultations de passer inaperçue. Nombre de généralistes et de spécialistes, quelle que soit leur affiliation syndicale, envisagent aujourd’hui de déconventionner individuellement, non pas pour contourner la mesure, mais pour envoyer un signal fort au gouvernement : vous êtes allés trop loin. »

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