La situation sociale en Wallonie s'améliore dans l'ensemble au long de ces deux dernières décennies, mais cette amélioration globale n'empêche pas les inégalités sociales de se creuser un peu plus encore, avertit l'Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps), jeudi, à l'occasion de la publication de l'Indice de situation sociale 2023. Parmi les points noirs du rapport: la santé mentale de la population wallonne, avec une forte augmentation des dépressions, l'appauvrissement des jeunes, et la vulnérabilité énergétique.
Statistiquement, l'indice de situation sociale a légèrement progressé par rapport à 2004 (base 100) pour a tteindre 102,2 en 2021. Mais les auteures du rapport s'empressent de préciser que cette "amélioration de la situation sociale de la Wallonie s'est faite aux dépens des groupes sociaux les plus fragilisés". Les inégalités sociales ont fortement progressé entre 2016 et 2020 avant de plafonner grâce aux mesures de soutien des pouvoirs publics pour faire face aux différentes crises.
La situation reste préoccupante, selon l'Iweps. "L'enchevêtrement des crises et des processus de transformation en cours affecte l'ensemble de la population et provoque une détérioration qualitative et quantitative de la situation de nombreuses personnes."
Ces crises ont par ailleurs mis la santé mentale de la population à rude épreuve, particulièrement celle des enfants et des adolescents. Les jeunes sont notamment exposés, en matière de drogue et d'alcool, à "l'apparition de produits nouveaux et plus dangereux qu'auparavant".
L'accès financier aux soins de santé demeure au centre des préoccupations. L'an dernier, une personne sur trois a renoncé à au moins un soin pour des raisons financières et ce renoncement a augmenté dans toutes les disciplines, souligne-t-on.
L'habitation constitue une autre source d'inquiétude pour les publics précarisés qui sont de plus en plus nombreux à vivre des situations de mal-logement. Un contexte qui pèse aussi sur leur santé. "Les constats alarmants relatifs à la qualité de certains logements sociaux se traduisent par des problèmes de santé des locataires concernés."
Honorer sa facture énergétique n'est pas toujours aisé au sud du pays où 20,6% des ménages souffraient en 2021 de précarité énergétique, selon le dernier baromètre de la Fondation Roi Baudouin (2023).
Les nombreux profils exposés à des conditions de vie plus difficiles ne contribuent pas à alléger l'activité des travailleurs sociaux. Depuis la crise sanitaire, la numérisation a par ailleurs considérablement transformé le travail social, une mutation s'accompagnant d'une surcharge et d'une pénurie d'effectifs. "Comme les années précédentes, les acteurs du social pointent du doigt l'épuisement et la quête de sens des travailleurs sociaux, placés devant d'énormes difficultés à trouver des solutions et des logements accessibles pour les personnes accompagnées."
Sur le marché du travail dans son ensemble, le nombre de malades de longue durée ne cesse d'augmenter, et tout particulièrement les personnes en invalidité pour burn-out ou dépression. Les populations les plus impactées sont les femmes et les personnes dans la tranche d'âge des 50-64 ans mais, au cours des cinq dernières années, l'augmentation la plus importante s'observe chez les travailleurs indépendants dans la tranche d'âge des 25-39 ans.