L'antenne liégeoise de l'ASBL "Infirmiers de rue" lance une campagne de levée de fonds en vue de récolter 50.000 euros et ainsi poursuivre sa lutte contre le sans-abrisme, a indiqué lundi Emmanuelle Paul, co-coordinatrice de l'association.
L'ASBL "Infirmiers de rue" a été lancée à Liège, en 2019, par trois personnes qui réalisaient essentiellement un travail en rue en vue de créer un lien avec les personnes sans-abri. L'antenne liégeoise se compose désormais d'une équipe multidisciplinaire de dix personnes qui, en plus du travail de rue, assure un accompagnement vers la réinsertion et ce, à travers la mise à disposition d'un logement. Pour l'associati on, le logement constitue la base du rétablissement, qui se révèle "plus facile que lorsqu'on est davantage dans la survie".
En 2020, on dénombrait 500 personnes sans-abri et mal logées à Liège, dont 229 vivaient dans l'espace public, en hébergement d'urgence ou dans des lieux non conventionnels comme des tentes, garages, etc. Il s'agit essentiellement d'hommes isolés, entre 30 et 49 ans, et présentant des problèmes d'assuétudes dans plus de 40 % des cas.
"Nous accompagnons un nombre restreint de personnes mais on les suit intensivement. Nous les prenons en charge sur base de critères de vulnérabilité", explique Estelle Charlier, travailleuse sociale. "Ce sont le plus souvent des personnes qui sont en rue depuis plusieurs années et qui présentent des problématiques importantes en termes de santé physique, psychique et d'assuétudes. Plus les critères s'accumulent et plus le risque est élevé de mourir en rue", souligne-t-elle .
Face à un manque de financements structurels, l'antenne liégeoise lance une campagne de levée de fonds. L'objectif est de récolter 50.000 euros, ce qui permettrait d'assurer environ 200 maraudes/accompagnements psycho-médico-sociaux.
"Le logement ne tombe pas du ciel, c'est avec leur argent que l'on paie le loyer. Il s'agit souvent du revenu d'intégration sociale qui tourne autour de 1.200 euros par mois", expose Hélène Capocci, référente logements au sein de l'ASBL. Cette maigre somme empêche notamment l'association de "respecter la règle du loyer qui ne doit pas dépasser un tiers des revenus", souligne Mme Capocci, ajoutant qu'à "Liège, on a connu une augmentation de 15% (des loyers, NLDR) entre 2018 et 2022. Face à un marché concurrentiel et des discriminations vis-à-vis des personnes que l'on tente de réinsérer, nous cherchons des partenariats, des privés sensibles à la cause, des investisseurs?", lance-t-elle.
L'antenne liégeoise de l'ASBL "Infirmiers de rue" mise aussi sur l'appel à projets de la Région wallonne auquel elle a répondu et qui lui permettrait, notamment, de mettre en œuvre un projet de logements modulaires, et donc déplaçables, sur des terrains inoccupés.