Le gouvernement irlandais a annoncé mardi, dans le cadre de son budget 2024, la création d'un fonds souverain de 100 milliards d'euros, qui devra contribuer à financer les coûts croissants de la santé et des retraites liés au vieillissement de sa population.
Ce nouveau "fonds pour le futur de l'Irlande" (Future Ireland Fund), abondé grâce aux recettes exceptionnelles de l'impôt sur les sociétés, permettra de "garantir la pérennité des finances publiques", a assuré mardi le ministre des Finances Michael McGrath devant le Parlement irlandais.
Après deux années de déficits publics en 2020 et 2021 en raison de la pandémie de Covid-19, Dublin prévoit un excédent budgétaire de 8,8 milliards d'euros en 2023 (après un solde déjà positif de 8,5 milliards l'an dernier). Le pays, doté d'une fiscalité avantageuse pour les entreprises (le taux de l'impôt sur les sociétés y est de 12,5%) et disposant d'une main-d'oeuvre anglophone bien formée, abrite en effet le siège européen de nombreuses multinationales de la technologie comme Apple, Google ou la maison mère de Facebook, Meta, qui dopent les recettes publiques.
Mais des membres du gouvernement avaient averti à plusieurs reprises ces dernières semaines que le pays était trop dépendant des recettes de l'impôt sur les sociétés, appelant à faire usage avec prudence de ces revenus fiscaux subordonnés aux performances de ces grandes entreprises. D'autant que l'Irlande s'est engagée, dans le cadre d'un accord au sein de l'OCDE, à un impôt minimal de 15% sur les bénéfices des multinationales - le gouvernement doit publier la semaine prochaine la législation pour mettre cet engagement en oeuvre.
Environ 4,3 milliards d'euros, soit 0,8% du produit intérieur brut (PIB) de l'Irlande, seront désormais dirigés chaque année vers le nouveau fonds, a indiqué M. McGrath. Celui-ci pourrait ainsi "potentiellement atteindre 100 milliards d'euros d'ici 2035" mais ne sera accessible qu'en 2040, a-t-il précisé.