Sur TikTok, le mot-clé #Ozempic culmine à plus de 500 millions de vues. Cet antidiabétique fait fureur sur le réseau social pour ses propriétés amaigrissantes, un phénomène qui engendre des tensions d'approvisionnement et inquiète les médecins.
"J'ai commencé Ozempic il y a six semaines", raconte une tiktokeuse américaine dans une vidéo vue près de 100.000 fois. En legging et brassière de sport, la jeune femme, visiblement bien plus mince que sur ses photos d'''avant" continue: "Je n'ai fait aucun exercice, je me suis juste injecté le produit!".
Ce produit est en fait indiqué pour "le traitement du diabète de type 2 insuffisamment régulé, en complément d'un régime alimentaire et d'exercice physique", précise l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) sur son site internet.
Le sémaglutide, son principe actif, agit en se fixant sur les récepteurs d'une hormone qui a un rôle dans le contrôle de la glycémie et stimule la libération d'insuline lorsque le taux de glucose dans le sang est élevé. Il ralentit aussi la vidange de l'estomac, diminuant de fait l'appétit et engendrant des pertes de poids importantes, de l'ordre de 10% en un an. Cette propriété a permis à son concepteur d'obtenir la commercialisation du sémaglutide dans de nombreux pays, dont les États-Unis, à une dose plus forte et sous un autre nom, Wegovy, pour le traitement de l'obésité.
En France, le Wegovy a reçu fin décembre un avis favorable de la Haute autorité de santé (HAS) dans le traitement de l'obésité. Il est pour le moment limité aux personnes très obèses avec une maladie associée. L'Ozempic, lui, est disponible sur simple ordonnance. Résultat: des pharmaciens français ont constaté que des ordonnances d'Ozempic étaient émises, voire falsifiées, pour des personnes non diabétiques.
En Belgique, l'AFMPS avait indiqué fin octobre que l'offre limitée du médicament devrait durer "au moins jusqu'au début de 2023". Sur son site, trois conditionnements sur cinq du produit étaient toujours labellisés "temporairement indisponible" ou avec une "disponibilité limitée". "L'AFMPS suit la situation de près, à l'échelon tant national qu'européen", précise l'agence fédérale.
Le laboratoire Novo Nordisk admet que sa "capacité d'approvisionnement actuelle ne répond pas toujours à cette demande excédentaire", déplorant "une disponibilité intermittente et des ruptures de stock périodiques".
Les médecins s'inquiètent en outre des effets secondaires du sémaglutide, "sous-notifiés" selon le médecin français M. Faillie, en charge de sa pharmacovigilance dans l'Hexagone. "C'est le problème 'hors des clous': ni les patients ni les prescripteurs ne sont motivés à déclarer" d'éventuels effets secondaires. Outre des nausées, "il existe aussi des risques plus rares mais plus graves comme des pancréatites aiguës, des troubles biliaires, de rares cas de constipation sévère qui peuvent conduire à l'obstruction intestinale", relève-t-il, pointant aussi un "risque accru de cancer de la thyroïde" après plusieurs an nées de traitement.