Le nouveau président de l’Association belge des directeurs d’hôpitaux (ABDH), Eric Christiaens, veut continuer de soutenir activement les directeurs hospitaliers pour qu’ils puissent s’adapter sans cesse à un secteur hospitalier en constante évolution.
L’Association belge des hôpitaux vient récemment de changer de présidence. Eric Christiaens, directeur général de l’hôpital (AZ Vesalius à Tongres), est désormais président de l’association. Il est secondé par deux vice-présidents, Paul d’Otreppe et Pascal Verdonck. Le nouveau président livre au Spécialiste ses ambitions pour l’ABDH.
Le Spécialiste : Voulez-vous poursuivre des objectifs spécifiques durant votre mandat à la présidence de l’ABDH ?
Eric Christiaens : Nous avons récemment repensé l’organisation de notre association (voir ci-dessous). Pour toutes les structures, il est important de changer régulièrement de présidence. D’autant plus que nous évoluons dans un univers qui est en pleine mutation suite à la crise sanitaire et aux réformes en cours : les réseaux hospitaliers, le financement…
Nous avons réfléchi ensemble à l’évolution de l’ABDH, en identifiant ses forces et ses faiblesses. Nous remarquons, par exemple, qu’il beaucoup plus difficile que par le passé de regrouper les membres d’une association depuis que nous avons tous appris à utiliser des logiciels de téléconférence.
En plus, les réseaux hospitaliers accaparent les directeurs généraux.
En effet, actuellement, dans le cadre des réseaux, il y a au moins douze projets de groupement ou de fusion, ce qui concerne donc au moins 24 hôpitaux. Cette évolution à un impact important sur le métier de directeur hospitalier. La constitution des réseaux mobilise les directions. Il y a cinq ans, les directeurs hospitaliers faisaient le même travail, sans devoir participer à toutes les réunions consacrées aux réseaux. Cette charge de travail supplémentaire commence à peser sur les épaules de nombreux collègues.
Le rôle de l’ABDH est de soutenir la fonction de directeur. Nous voulons aider les directions à être meilleures dans leur fonctionnement et à préparer leur avenir. Il est clair qu’aujourd’hui le métier de directeur hospitalier n’a plus rien à voir avec celui que nous nous exercions y a cinq ans ou celui que nous ferons dans cinq ans. À l’avenir, Il faudra utiliser d’autres compétences, entre autres parce que la collaboration entre les hôpitaux va être de plus en plus importante.
La création de la « ligne et demi de soins », selon l’expression néerlandaise, qui va permettre de suivre un patient durant tout le trajet de soins – par exemple, du début de la grossesse à l’accouchement puis au retour à domicile – va modifier les processus de collaboration entre l’hôpital et la première ligne. Il faut repenser les collaborations, sortir des silos, pour mieux prendre en charge les patients.
Identifiez-vous des obstacles qui actuellement freinent l’évolution du secteur hospitalier ?
J’espère que les hôpitaux pourront à l’avenir moins se faire concurrence et qu’il sera également possible de réduire les tensions entre les médecins et les gestionnaires hospitaliers. Les syndicats médicaux ne sont certainement pas nos adversaires. Nous devrions plutôt être des partenaires. Nous ne pourrons pas survivre en conservant les modèles de financement du passé. Nous avons les mêmes intérêts. Nous ne pouvons pas nous permettre que certains sèment la zizanie pour défendre leurs intérêts personnels. Il faut être lucide. Le budget consacré à la santé en Belgique se situe dans une bonne moyenne au niveau européen, mais c’est une enveloppe fermée et il faut aussi tenir compte des autres secteurs (l’enseignement, la justice…) Espérer une augmentation significative du budget de la santé est illusoire. Il faudra s’entendre et se réinventer pour faire face à tout ce qui nous attend.
L’ABDH va-t-elle continuer à organiser des symposiums et des voyages d’études ?
Nous sommes une plateforme d’échange entre les hôpitaux et l’industrie. Notre objectif n’est pas de mener des négociations commerciales, mais de réfléchir sur la manière de mieux travailler ensemble en tant que partenaires et de continuer à innover.
La force de l’ABDH est aussi d’être ouverte sur ce qui se passe à l’étranger tout en étant belge. On l’a vu durant la pandémie, un virus se fiche des frontières. Il ne faut pas être isolé sur des confettis. Il faut s’ouvrir à ce qui se passe dans nos différentes régions et à l’international, entre autres, en participant à des voyages d’études et des conférences.
Nous allons sans doute revoir notre programme de symposiums pour regrouper plus de thématiques dans une seule séance organisée durant une après-midi ou une journée. Les agendas des directeurs hospitaliers sont de plus en plus chargés et les problèmes de mobilité ne facilitent pas les déplacements.
L’ABDH a-t-elle vocation à se positionner de façon politique vis-à-vis des autorités ?
Non. C’est le rôle des fédérations hospitalières, mais comme le secteur hospitalier est financé, en majeure partie, par de l’argent public nous devrons toujours trouver un terrain d’entente avec les autorités fédérales et régionales.
L’ABDH veut jouer la carte du changement et de l’innovation. Nous voulons aider les directeurs à se préparer pour l’avenir en tant que professionnel du management. Nous souhaitons aussi soutenir le gestionnaire dans ses relations avec son conseil d’administration. Nous ne nous occupons pas des dossiers spécifiques et concrets. Les fédérations hospitalières (Santhea, Unessa, Gibbis et Zorgnet Icuro) font cela très bien.
Composition du nouveau bureau
Gilbert Bejjani (administrateur exécutif), François Burhin (administrateur exécutif), Inge Buyse, Bernard Ceriez (secrétaire général et trésorier), Eric Christians (président), Stéphane Lefebvre, Didier Delval, Paul d’Otreppe (vice-président), Philippe Leroy, Stephane Olivier, Christophe Mouton, Geert Smits et Pascal Verdonck (vice-président) sont membres du bureau de l’ABDH.