La nature disparaît "à un rythme alarmant", mettant "le système en péril" (WWF)

Le système est "en péril" et le monde s'approche de points de basculement "dangereux et irréversibles", provoqués par la destruction de la nature et le changement climatique, alerte le WWF, jeudi, dans son rapport bisannuel sur l'état de la biodiversité sur la planète.

En seulement 50 ans (1970-2020), la taille moyenne des populations d'animaux sauvages a connu un déclin catastrophique de 73%, constate le rapport "Planète vivante", qui se base sur des calculs réalisés à partir de 35.000 tendances démographiques pour 5.495 espèces à travers le monde. Le déclin le plus marqué concerne les écosystèmes d'eau douce (-85%), suivis de s écosystèmes terrestres (-69%) et marins (-56%).

Selon le rapport, publié à une dizaine de jours de l'ouverture de la COP16 sur la biodiversité, les populations d'espèces sauvages suivies ont connu le déclin le plus rapide en Amérique latine et dans les Caraïbes (-95%), en Afrique (-76%), puis en Asie et dans le Pacifique (-60%). Si le déclin semble plus faible en Europe (-35%), c'est parce que la nature européenne se trouvait déjà dans un mauvais état avant 1970?

L'ONG prend l'exemple de la population d'éléphants de forêt d'Afrique du parc national de Minkébé au Gabon, laquelle a diminué de 78-81% entre 2004 et 2014, notamment en raison du braconnage pour le commerce de l'ivoire. Autres illustrations: les tortues imbriquées nichant sur l'île de Milman dans la Grande Barrière de corail australienne, dont la population a décliné de 57% entre 1990 et 2018 ou encore les dauphins roses d'Amazonie (aussi appelés boto) dont la population a reculé de 65% entre 1994 et 2016.

Il existe toutefois des exemples positifs de populations qui se sont stabilisées ou ont même augmenté, "autant de preuves que les efforts de conservation payent", selon le WWF. Ainsi, une sous-population de gorilles de montagne dans les Virunga, en Afrique de l'Est, a connu une augmentation d'environ 3% par an entre 2010 et 2016 alors que l'Europe a assisté au retour de certaines espèces sauvages, comme le bison d'Europe, une espèce qui avait disparu à l'état sauvage en 1927. Pour le WWF, il s'agit cependant de "succès isolés" qui "ne suffisent pas."

"Cette diminution des populations d'animaux sauvages doit être vue comme un signal d'alarme important. Elle met à la fois en évidence la perte d'écosystèmes sains et le risque d'extinction d'espèces", met en garde le WWF, tout en rappelant que lorsque certains seuils critiques sont dépassés, les écosystèmes endommagés peuvent atteindre un point de basculement irréparable. "(...) si la forêt amazonienne atteignait par exemple un tel point de basculement, ou si les récifs coralliens disparaissaient en masse, cela provoquerait une onde de choc qui se répercuterait dans le monde entier, avec notamment des conséquences sur la sécurité alimentaire", illustre l'ONG environnementale.

La principale menace pour les populations sauvages résulte, selon le rapport du WWF, de la dégradation de leur habitat, elle-même principalement causée par notre système alimentaire. La surexploitation, les espèces envahissantes, les maladies et le changement climatique sont d'autres causes de déclin des populations d'animaux sauvages.

La 16e conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP16) aura lieu du 21 octobre au 1er novembre à Cali, en Colombie. Quelques jours plus tard, c'est la conférence de l'Onu sur le climat (COP29) qui se déroulera à Bakou, en Azerbaïdjan. A l'occasion de ces deux conférences internationales, le WWF appelle tous les pays "à élaborer et à mettre en œuvre des plans nationaux pour la nature et le climat qui soient plus ambitieux, et à débloquer davantage de fonds publics et privés afin de pouvoir agir à grande échelle et de mieux aligner leurs politiques et actions en matière de climat, de nature et de développement durable".

"Bien que la situation soit dramatique, nous ne sommes pas encore arrivés à un point de non-retour. Nous disposons des accords mondiaux et des solutions nécessaires pour remettre la nature sur la bonne voie d'ici à 2030, mais jusqu'à présent, les progrès sont lents et l'urgence fait défaut. Si nous voulons restaurer la nature de notre planète, nous devons agir maintenant, avant qu'il ne soit trop tard", conclut le WWF-Belgique.

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