La cellule #Investigation de la RTBF diffuse ce mercredi soir un reportage consacré à des accusations de harcèlement et de violences au sein du service d’orthopédie des Cliniques universitaires Saint-Luc. Plusieurs médecins assistants et une infirmière dénoncent un climat de travail "toxique et délétère", mettant en cause l’ancien chef du service et son adjointe. La nouvelle direction de l’hôpital a mis fin à leur collaboration en décembre dernier.
Les témoignages recueillis par la RTBF évoquent un harcèlement insidieux, mêlant humiliations et pressions psychologiques. "Ce qui se passe dans ces deux salles d’opération, c’est comme des discours d’un autre temps", affirme un membre du personnel sous couvert d’anonymat. Un ancien assistant du professeur E.T., chirurgien orthopédique spécialiste du genou, décrit une expérience marquée par la peur et la perte de confiance : "Au début, on rigole, on rentre dans le jeu… Mais ça ne s’arrête jamais. J’ai perdu le goût du métier."
Un autre témoin, qui a travaillé sous les ordres du professeur T. il y a plus de quinze ans, raconte : " On se faisait humilier et détruire psychologiquement, mais à la fin du cursus, on n’avait pas d’autre choix que de continuer. Quinze ans plus tard, j’en garde encore des séquelles.'"
Selon la RTBF, plusieurs plaintes ont été adressées à la médecine du travail entre avril et novembre 2024. L’arrivée d’une nouvelle direction a conduit à des mesures internes et, le 23 décembre dernier, l’hôpital a annoncé que le professeur E.T. et son adjointe ne faisaient plus partie des Cliniques universitaires Saint-Luc.
Interrogé par la RTBF, Philippe Leroy, nouveau CEO des Cliniques Saint-Luc, affirme que l’hôpital applique "une tolérance zéro vis-à-vis du harcèlement". "On a eu vent de certains faits, qu’on a instruits, et on a pris les décisions appropriées", déclare-t-il.
Dans un communiqué transmis à la RTBF, le professeur E.T. rejette les accusations, se disant "dans une incompréhension totale après une carrière de 20 ans sans la moindre remarque". Il défend une approche exigeante de la formation médicale et assure n’avoir jamais eu l’intention de blesser ses collaborateurs.
Cette affaire soulève une problématique plus large sur les conditions de travail des médecins en formation. "Vous ne pouvez pas trouver un médecin spécialiste en formation qui n’a pas, soit vécu, soit entendu parler d’une situation de harcèlement ou de pression dans son entourage", déclare Sami Barrit, coprésident de la Délégation francophone des Médecins en Formation (DeMeFF).
L’enquête d’#Investigation, intitulée "Médecins en formation : maltraitance sous silence", est à découvrir ce mercredi soir sur La Une.