"Ce n'est pas une mission facile qui vous est confiée", a admis vendredi à Paris la cheffe du gouvernement français devant quelque 200 citoyens tirés au sort pour débattre sur la question très sensible de la fin de vie, marquée par d'importants clivages politiques et sociétaux.
Le sujet a alimenté des débats ces dernières années en France, face à des cas médiatisés ou à l'exemple d'autres pays européens ayant autorisé une aide encadrée à mourir (Belgique, Pays-Bas, Espagne...).
La Première ministre Elisabeth Borne a donc plaidé pour "une réflexion en nuances et en responsabilité" sur le sujet. "Soyez libres" de "vous émanciper des idées reçues, de dire vos doutes, vos désaccords", a-t-elle lancé.
Même si les termes d'"euthanasie" ou de "suicide assisté" ne sont pas explicitement mentionnés, les participants se pencheront sur l'opportunité de légaliser l'une ou l'autre.
En mars, ils diront s'il faut changer ou non la loi actuelle, sans garantie d'être suivis, à partir de cette question : "Le cadre d'accompagnement de fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d'éventuels changements devraient-ils être introduits ?".
Le président Emmanuel Macron avait demandé en septembre la tenue de cette convention, organisée sur le modèle de celle qui s'était réunie sur le climat en 2019 et 2020. Le chef de l'Etat, qui avait semblé initialement très partant pour "bouger" sur la fin de vie, a paru davantage en retrait récemment.
Le sujet divise en effet profondément le pays.
Sur le plan politique, toute la gauche est pour un changement législatif, au nom d'une "fin de vie digne" et de la liberté de choisir sa mort, lorsque la souffrance due à une maladie incurable devient insupportable.
La droite et l'extrême droite y sont hostiles, s'inquiétant parfois d'un risque de "banaliser l'euthanasie", et réclament une meilleure application de la loi actuelle et des soins palliatifs.
Pour la majorité présidentielle, la position sur la fin de vie est plus incertaine.
D'un point de vue religieux, les cultes catholique, protestant, juif et musulman, ont exprimé ces dernières semaines un "ensemble de préoccupations partagées", tout en prévenant qu'il ne s'agissait pas de "présenter un front uni, politique, qui voudrait s'imposer".
Sur le fond, tous insistent en préalable pour un développement accru des soins palliatifs et une évaluation de la loi actuelle.
Quant aux soignants, ils sont partagés, voire majoritairement hostiles ou inquiets face à l'éventuelle légalisation d'une aide active à mourir.