L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis fin à son enquête sur l'origine du coronavirus. L'épidémiologiste de l'OMS Maria Van Kerkhove a expliqué à la revue scientifique Nature comment les tensions politiques dans le monde, et particulièrement entre Chine et États-Unis, ont "entravé la progression" de la recherche.
Le président américain de l'époque, Donald Trump, avait affirmé au début de la pandémie de Covid-19 que le virus provenait d'un laboratoire chinois. Le pays mis en cause a ensuite renvoyé la balle aux États-Unis. "L'enquête a dû avoir lieu sous cette pression", a regretté auprès de l'ANP la virologue n éerlandaise Marion Koopmans, qui a accompagné la première phase de l'étude à Wuhan, où le virus a été découvert pour la première fois fin 2019.
L'équipe de recherche a publié en 2021 un rapport sur la première phase de l'enquête concernant l'origine du coronavirus. Celui-ci présentait quatre scénarios possibles, dont le plus plausible avançait une propagation des chauves-souris aux humains, avec éventuellement un autre animal entre les deux. La deuxième phase de l'enquête devait faire la lumière sur ce qu'il s'était exactement passé.
Mais trop de temps s'est désormais écoulé pour recueillir certaines données nécessaires pour déterminer l'origine du virus. "Je pense que la question 'que s'est-il passé exactement?' est toujours d'actualité", a expliqué Mme Koopmans. "Mais je ne pense pas que nous aurons la réponse un jour."
Pour la virologue, les choses ont mal tourné sur plusieurs points. "On peut dire que la Chine aurait dû être plus transparente, mais l'OMS n'a pas toujours joué franc jeu non plus. La recherche a besoin d'une base de confiance", a argumenté Mme Koopmans. "Cela ne peut donc pas fonctionner si des accusations mutuelles viennent s'y ajouter." Et la Néerlandaise d'ajouter: "Les critiques fusaient déjà sur les soi-disant manques du premier rapport alors que celui-ci n'était même pas encore sorti".