Téléconsultation: bagarre en vue pour vendredi?

La téléconsultation est une pomme de discorde entre les syndicats médicaux et l’Inami. La problématique va revenir sur la table à la Médico-Mut de ce vendredi. Mais l’idée que la téléconsultation coûte trop cher et qu’il ne faudrait plus la rembourser ne plaît pas aux représentants des médecins. Pour le Dr Luc Herry (ABSyM), l'Inami doit revoir ses calculs.

La téléconsultation, une dépense à supprimer? Est-on sûr qu’elle entraîne trop de dépenses? Pour le Dr Luc Herry, qui a refait les calculs, c’est une erreur grossière. Les choses sont simples: il suffit de faire la différence entre une téléconsultation, une visite à domicile et une consultation au cabinet. La téléconsultation est remboursée à hauteur de 9 ou 10€ selon les statuts. En 2023, la téléconsultation était facturée 27€ pour les assurés ordinaires, tandis que la visite était remboursée 34€. Même en ne tenant pas compte des remboursements pour les BIM, qui sont encore plus élevés, cela représente une différence de l’ordre de 20€ par acte entre une téléconsultation et une visite ou une consultation.

Si l’on considère les téléconsultations en 2023, il y en a eu, selon l’Inami et les mutuelles (qui avancent les mêmes chiffres), 6.293.000. En multipliant par les 20€ de différence par rapport au présentiel, on arrive à une économie de l’ordre de 125 millions d’euros sur 1 an. C’est le montant qui serait dépensé par l’Inami si la téléconsultation n’existait pas. Et encore, cette estimation ne tient pas compte de la différence entre le présentiel et la téléconsultation chez les spécialistes, qui est plus élevée que pour les généralistes.

«Et on prétend que cela coûte trop cher?» commente le Dr Luc Herry. «La supprimer alors que c’est une modalité très efficiente est une aberration», ajoute-t-il. «Non seulement cela enlèverait du bien-être aux patients qui ne peuvent ou ne doivent pas se déplacer, mais cela porterait aussi atteinte au bien-être des médecins déjà surchargés. Et que dire des zones en pénurie?» Sur un ton ironique, il ajoute encore: «Bien plus que cela: cela ferait du tort au bien-être du budget de l’Inami.»

Le Dr Herry explique encore qu’à l’ABSyM, on est favorable à une téléconsultation utilisée à bon escient. «Nous ne partageons pas les pratiques de certains confrères qui en abusent de manière disproportionnée et sans efficience. Si tous avaient un souci d’efficience et d’utilisation raisonnée de la téléconsultation, nous n’aurions pas besoin des mesures que l’Inami veut nous imposer», conclut-il.

À ceux qui considèrent que la téléconsultation n’a pas ralenti la croissance des contacts, le Dr Herry fait remarquer que le nombre de consultations est resté relativement stable au cours des trois dernières années, si l’on tient compte de la norme de croissance. «Il ne faut pas oublier, dit-il, que le nombre de patients chroniques, d’invalides et de patients cancéreux qui surmontent leur épreuve est en augmentation. L’augmentation du nombre total de contacts s’explique donc facilement, et la téléconsultation absorbe une part importante de cet accroissement.»

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Derniers commentaires

  • François BERNAERTS

    30 janvier 2025

    Entièrement d'accord, c'est la mesure la plus économique récente. La plus grosse majorité des téléconsultations évite une consultation bien plus onéreuse, un encombrement de nos salles d'attente et du stress pour tout le monde. Les consultations au cabinet sont plus longues avec tous les temps morts (arrivée, payement, départ, etc.) Pour une clientèle éclatée quel luxe !