La N-VA tente une nouvelle fois de réaliser des économies sur le dos des soins de santé. Maggie De Block avait déjà prévenu dans nos colonnes qu’elle s’y opposera. Elle le répète dans le Soir. Solidaris prévoit un déficit supplémentaire de 1,8 milliard dans le secteur d’ici 2019. Il n’y a pas de doute: les discussions budgétaires ont commencé. Elles s’annoncent musclées.
Quand l’heure de la rentrée scolaire sonne, les calculatrices chauffent déjà depuis quelques semaines dans les mains des grands argentiers du système. Le marathon budgétaire a commencé dans les coulisses du pouvoir: les nombreuses commissions établissent la liste de leurs «envies», les mutuelles négocient une proposition budgétaire commune à soumettre au Comité de l’assurance, avant le vote, en théorie pour le 2e mardi d’octobre, du budget des soins de santé par le Conseil général de l’Inami. Durant cette période, les partenaires s’échauffent. Maggie De Block avait déjà déclaré dans Le Spécialiste (N°89) avoir «déjà fait beaucoup d’efforts lors des autres discussions budgétaires. C’est de ma responsabilité de me battre pour chaque euro.» Dans le Soir du 13 septembre, elle a répété qu’on ne lui fera pas les poches sur le dos de la santé. Suite aux déclarations de Bart De Wever affirmant qu’il est nécessaire de réaliser des économies dans ce secteur, Maggie De Block monte aux créneaux. «Depuis le début de la législature, nous avons fait des réformes qui rapportent des économies énormes déjà, alors qu’on regarde maintenant d’abord les autres et leurs efforts à eux!», a-t-elle déclaré à nos confrères du Soir. Et d’affirmer qu’il n’est pas question de «tuer le système, donc pour ce qui concerne les efforts supplémentaires, qu’on regarde ailleurs». Selon son cabinet, les économies en soins de santé s’élèveront à 2,6 milliards à la fin de cette année, pour un objectif de 3,6 milliards à la fin de la législature.
Trajectoire de mort
Le 10 septembre dans l’Echo, les patrons de Solidaris, Jean-Pascal Labille et Michel Jadot, avaient aussi exprimé leurs inquiétudes. «On nous impose une trajectoire de mort. La gestion paritaire de la Sécu est menacée, de même que la qualité des soins», dénoncent dans l’Echo le secrétaire général et le président de la mutuelle socialiste. Ils estiment que pour pouvoir respecter la trajectoire budgétaire à l’horizon 2019, il faudrait encore économiser 1,8 milliard dans les soins de santé, soit plus que les honoraires des médecins généralistes (1,2 milliard). Ils émettent également des doutes sur les objectifs réels du grand redesign de l’Etat voulu par le gouvernement Michel (lire ici) qui devrait rapporter 550 millions d’ici 2018. Ils craignent également lors de la grande réorganisation des administrations de santé une montée en puissance du SPF Santé publique au détriment de l’Inami.