Actuellement, les nouveaux diplômés en médecine se battent depuis le 1er juillet 2018 pour obtenir des places de stages. Les témoignages de jeunes restant sur le carreau sans stage sont nombreux dans les universités, et les médecins généralistes croulent sous les demandes. Si les situations diffèrent d’un étudiant à l’autre, des tendances générales se dégagent: les jeunes médecins trouveront difficilement des stages près de leur domicile et il n’est pas exclu que certains d’entre eux doivent quitter le pays. Petit tour d’horizon au travers de deux exemples récents. Pour le jeune B, 24 ans de la région de Charleroi, la situation est difficile: «Les médecins que j’ai contacté à Charleroi, Gembloux, Nivelles et même plus loin sont tous pris. Sur la plate-forme du CAMG, on remarque que beaucoup de médecins qui y disent ne pas avoir de stagiaires en ont en réalité.» Il a rencontré d’autres situations moins compréhensibles pour lui: «Certains médecins me disent clairement qu’ils ne prennent pas d’assistants.» Face à ces refus répétés, il n’exclut pas de prendre la direction de l’étranger: «La Suisse ou la France restent des destinations possibles. Je me renseigne actuellement sur les modalités précises pour chaque pays tout en continuant à espérer trouver une place en Belgique que cela soit dans les Ardennes ou ailleurs.»
250 emails envoyés
Une situation aussi compliquée a été vécue par une jeune médecin de 24 ans de la région de Mons qui témoigne aussi anonymement. «J’ai envoyé 250 emails en 15 jours. J’ai eu beaucoup de réponses négatives. J’ai eu deux ou trois entretiens. Je viens enfin d’avoir une réponse positive d’un maître de stage. Ce sera à Namur. Mon jusqu’au-boutisme à payé mais j’ai d’autres connaissances qui cherchent toujours. Il n’est pas normal de les voir perdre un an sans stage.»
Et pourtant le problème était connu. Déjà en 2015 Catherine Fonck tire la sonnette d'alarme et annonçe qu'il manquera 963 places de stage pour les candidats spécialistes dans les hôpitaux belges. Elle pointait également du doigt le sous financement de cette formation. Henri Anrys (Absym) a estimé qu’à partir de 2018 le coût du financement des stages des médecins spécialistes en formation devrait passer de 200 millions d’euros à 400 millions d’euros.
Où trouver un maître de stage ?
Du côté du SPF santé publique, des listes de maîtres de stages sont disponibles sur le site internet : 1.502 médecins spécialistes et 2.533 médecins généralistes pour l'ensemble du pays. Elles ont toutefois leur limite: «On ne sait pas voir si un médecin est disponible ou pas pour un stage. Par contre, on peut voir si tel ou tel médecin peut accueillir un, deux ou trois stagiaires parce qu'il doit le dire lorsqu'il créée son dossier et on peut retrouver cette information dans nos listes. Celles-ci sont mises à jour tous les mois avec les nouveaux maîtres de stages agrées.»
Déjà en 2017, le Centre de coordination francophone pour la formation en médecine générale (CCFFMG), la plateforme commune des départements MG des trois universités francophones, s'inquiétait de voir des demandes (toutes années confondues) pour 1.200 stages en médecine générale au lieu de 600 l’année précédente. En rappelant que la «double cohorte» va donc exister pendant 3 ans, d’octobre 2018 au 30 septembre 2021. Catherine Malaizier, responsable pour l'antenne de l'UCL du CCFFMG précise que «60 nouveaux maîtres de stages ont été agrées en juin et 50 en juillet. Tous les mois, de nouveaux maîtres de stages arriveront. Évidemment, il faut que les maîtres de stages (et les futurs MG) s’inscrivent dans Fordoc pour que la CCFFMG dispose des informations indispensables pour valider les données de base d’un contrat de stage.» Les deux autres universités n'ont pas encore communiqué leurs chiffres.
Meedic, un succès
De son côté, Giovanni Briganti, président du CIUM, qui avait annoncé le lancement de la plateforme online Meedic #AdopteUnMed est heureux que celle ci fonctionne bien depuis son lancement voici quelques jours. «Nous avons déjà eu des contacts très positifs et concrets entre les stagiaires et les formateurs pour l’obtention d’un stage. (Inscription via info@cium.be). Il y a encore des places disponibles notamment en psychiatrie parce que la discipline est une de grandes perdantes de la double cohorte. Plusieurs services de psychiatries ont d’ailleurs rejoint la plateforme.»
> Listes des maîtres de stages de la SPF Santé Publique
Liste des maitres de stage en médecine générale
Liste des maîtres de stage médecins spécialistes
Je connais beaucoup des noms sur cette liste. Le souci : elle n’est pas représentative de la réalité de terrain. Beaucoup de ces maîtres de stage restent sans assistants, pour que les hôpitaux « centraux » restent favorisés. La faute n’est donc pas du SPF mais de l’universitaire! https://t.co/N6BPztH6dT
— Giovanni Briganti (@giovbriganti) 1 août 2018
Effectivement, ceci étant je reste perplexe sur l’utilité du critère publication pour un maître de stage. Ça devrait être un des critères « bonus » mais pas un critère incontournable je trouve. Bon nombre de MD en periph forment TRÈS bien sans publier...
— Jay Lechien, MD, PhD (@JeromeLechien) 2 août 2018
Les critères ne sont pas si faciles à déterminer. On connaît aussi des maîtres de stage (très sympas) qui n’ont rien lu depuis 30 ans et qui enseignent des traitements dépassés. On devrait à tout le moins tenir compte davantage des évaluations pédagogiques des étudiants.
— Florence Hut (@florehut) 2 août 2018
Exact,les U se servent en premier. Et mettent des conditions léonines à l'envoi de stagiaires, comme l'obligation pour le service concerné de s'engager à référer à l'HU certains traitements. ABSyM soutient libre choix du service de stage par le candidat. , https://t.co/qJM3I5FvVH
— jacques de Toeuf (@j_detoeuf) 1 août 2018
Ça n’arrivera jamais que ce soit le candidat qui décide...
— Roland Vaesen (@vaesen_roland) 1 août 2018
Le système que nous souhaiterions laisserait le libre choix à l’assistant sur base d’une postulation comme c’est le cas dans d’autres pays européens. La qualité des services satellites n’est plus à prouver. Nous ne sommes pas le couteau suisse “discount” des CHU ! https://t.co/6OZUvDUKXQ
— Lamelyn Quentin (@QuentinLamelyn) 1 août 2018