Le procès sur l’homicide du MG flamand Patrik Roelandt, poignardé en pleine activité fin 2015, s’est ouvert hier devant le tribunal correctionnel de Courtrai. L’affaire a été correctionnalisée et n’est donc pas jugée devant une cour d’assises, explique Me Kristiaan Vandenbussche, l’avocat de la partie civile. Le prévenu, Danny S., n'était pas présent le premier jour du procès: une grève à la prison d'Ypres avait empêché son transfert.
Le 1er décembre 2015, Danny S. a poignardé le Dr Roelandt lors d'une visite à domicile avant de se rendre au bureau de son avocat et d’être arrêté.
Les avocats de la partie civile (la famille Roelandt) ont réclamé l’accès à des éléments que la défense a déjà pu examiner. Cela porte principalement sur une affaire de perquisition au domicile de l’accusé deux semaines avant le meurtre, au cours de laquelle des armes et des documents ont été saisis, tandis que l’homme était interrogé puis relâché. D’après Me Vandenbussche, ce dossier pourrait s’avérer très pertinent par rapport à l’affaire jugée. «Il est possible que l'accusé ait nourri un ressentiment contre la société en raison de cette descente de police.» L’idée est qu’il pourrait avoir reporté sa frustration sur la victime deux semaines plus tard. Le juge a autorisé l’accès aux pièces demandées.
En outre, toujours pour tenter d’élucider le mobile véritable du crime, la partie civile souhaite faire appeler trois témoins à la barre. En premier lieu, le médecin légiste, dont les conclusions ne cadrent pas avec les déclarations de l'accusé quant à la façon dont les faits se sont déroulés, et ensuite deux ex-partenaires de ce dernier, qui pourraient aider à comprendre sa personnalité et sa moralité. Pour les avoir entendues, Me Vandenbussche dépeint Danny S. comme «manipulateur et certainement pas confus». La famille Roelandt veut éviter qu’il ne soit déclaré irresponsable. Selon elle, des décisions antérieures le concernant, pour des infractions de commerce d’armes et de possession de stupéfiants, ne laissent aucun doute sur cet aspect. Une décision sera prise concernant la convocation des témoins la semaine prochaine.
Si Me Vandenbussche a l’impression que le juge acceptera l’audition du médecin légiste, il craint qu’en raison de la correctionnalisation du dossier, ce ne soit pas le cas pour les ex-partenaires. «Dans un procès d’assises, on voit parfois défiler 40 à 50 témoins», dit-il, ce qui contribue à cerner le caractère d’un prévenu. Dans une procédure plus courte, on se limite aux témoignages directement liés aux faits. «Le tribunal correctionnel a l'avantage que le jugement est rendu par des juges professionnels, mais l'inconvénient est que l'affaire n'est plus traitée in extenso - avec interrogatoire de la police et du juge d'instruction.» Les plaidoiries auront lieu le 28 février.