Une lentille de contact intelligente capable de dépister des maladies et d’administrer des médicaments ? Grâce à une lentille souple intégrant un dispositif électronique, mise au point par la société Louvaniste Imec, l’Université de Gand et le fabricant de lentilles SEED, ce n’est plus de la science-fiction !
Imec vient d’annoncer conjointement avec le fabricant de lentilles SEED une percée majeure : l’intégration d’un dispositif électronique à une lentille de contact souple perméable à l’oxygène.
Déjà utilisées pour corriger la vision de millions de personnes de par le monde, les lentilles souples sont aussi en passe de devenir pour les ophtalmologues un outil de monitoring et d’administration des médicaments incontournable… et discret, puisque les patients eux-mêmes ne remarquent rien de ces interventions ! Il leur suffit de penser à recharger leurs lentilles à temps, comme ils le font pour leur gsm.
Environ 130 millions de personnes portent aujourd’hui des lentilles souples qui leur permettent de mieux voir, la forme en silicone hydrogel étant la plus populaire grâce à son grand confort d’utilisation. Le dispositif électronique intégré qui vient d’être mis au point se compose de capteurs pour surveiller la composition du liquide lacrymal ou de mini-conteneurs de médicaments capables de libérer leur contenu à des moments prédéterminés.
On s’en doute, fabriquer de telles lentilles intelligentes n’est pas une mince affaire. Cela impose en effet tout d’abord de fabriquer un système électronique extrêmement petit, comprenant non seulement le capteur proprement dit, mais aussi une antenne et un dispositif permettant d’approvisionner le système en énergie et de communiquer avec l’extérieur. Ensuite, ce système doit pouvoir être fabriqué dans un matériau mou et flexible, comme celui qui compose les lentilles de contact souples.
CMST, un groupe de recherche d’imec au sein de l’université de Gand, a réussi ce tour de force. Son système comprend une lumière LED bleue – à des fins de démonstration du concept – une micropuce ultrafine, une antenne RF et des interconnections extensibles qui relient toutes ces composantes entre elles. L’antenne RF peut être utilisée pour charger le système mais aussi, dans les prototypes futurs dotés de capteurs, pour calibrer ces derniers et en lire les données.
Extrêmement flexible grâce au recours au polyuréthane, le système supporte une courbure de 9nm correspondant à la forme typique de l’œil et de la lentille. SEED a assuré son intégration parfaite à ses lentilles de contact.
“Les dispositifs électroniques pliables et extensibles sont extrêmement utiles pour diverses applications médicales,” explique Herbert De Smet (imec/UGent). “Ces propriétés permettent en effet de les intégrer à des vêtements et même – s’il est possible d’en réduire suffisamment l’échelle – à de petits objets tels que les lentilles de contact. Il s’agit d’un premier pas majeur vers les vraies lentilles intelligentes que les ophtalmologues utiliseront dans le futur pour traiter encore mieux leurs patients !”