L'Inami a décidé d'imposer un quota aux orthopédistes pour les opérations du genou chez les patients de plus de 50 ans. Sur 100 méniscectomies, chaque médecin ne pourra plus en effectuer que 45 sur des patients âgés de plus de 50 ans. Le Dr Jérémy Daxhelet, chirurgien orthopédique à la Clinique Saint-Luc (Bouge) estime que cette mesure est sensée, mais qu’il faudrait prendre en compte l’ensemble de la prise en charge.
Actuellement, environ 60% des interventions au ménisque concernent des plus de 50 ans. L’Inami veut réduire ce pourcentage, jugé trop élevé. « Sur le fond, cette mesure est logique et se justifie d’un point de vue scientifique. Evidemment, pour un médecin, il est toujours difficile d’être contraint dans sa pratique lorsqu’on estime bien faire son travail. Force est de constater que les statistiques dont on dispose ne vont pas dans le sens d’un travail parfait. Mettre sur pied un contrôle du nombre d’opérations est logique puisque nous avons un taux d’interventions plus élevé chez les + de 50 ans que ceux enregistrés dans d’autres pays et que ces gestes chirurgicaux ont de moins en moins leur place. A titre personnel, cette mesure ne va pas me contraindre. Je ne suis pas inquiet de devoir changer ma pratique.»
Le chirurgien orthopédique pointe le risque d’une augmentation des méniscectomies chez les moins de 50 ans puisque ce sont des pourcentages qui vont devoir être respectés. «Or, en nombre absolu, le nombre de ménisectomies qu’un chirurgien réalise par an chez les plus de 50 ans est habituellement assez réduit.»
Economies
Jérémy Daxhelet souligne aussi que cette mesure vise, entre autres, à réaliser des économies. En 2018, plus de 20.000 personnes de plus de 50 ans ont subi une chirurgie exploratoire du genou, dont le tarif Inami s’élève à 800 euros par intervention.
“Par ailleurs, ne réalise-t-on pas trop d’IRM du genou?”, interpelle le chirurgien. ”C’est la base de la mauvaise pratique. Une IRM prescrite pour une mauvaise raison entraine parfois des actes chirurgicaux inutiles. Tout dépend aussi de la (bonne) interprétation de l’examen. C’est une chaine globale. Ne faudrait-il pas la revoir ? A l’inverse, il serait intéressant de contrôler si notre geste chirurgical produit de bons résultats pour le patient. Voire même, dans un système idéal, d’être récompensé pour nos bons résultats. Ce feed-back permettrait de nous remettre en question.”
Le Dr Daxhelet n’est pas certain que la mesure imposée par l’Inami aura un impact sur les praticiens « outliers » qui font trop d’opérations chez les plus de 50 ans. «Ceux qui cherchent la faille, la trouvent toujours.»
Derniers commentaires
Jean-Pol Bleus
12 mai 2023Et qui dit rationnement dit médecine à deux vitesses...
Jean-Pol Bleus
12 mai 2023Pas du tout d'accord.
Quand on fait intervenir des comparaisons avec d'autres pays et un notion d'âge( 50 ans de nos jours n'est pas synonyme de sénilité et d'absence d'activités physiques et sportives), on entre dans une politique de rationnement des soins de santé à visée purement économique. C'est la porte ouverte à d'autres abus. Soyons vigilants.