Cette année, le Prix Nobel de Médecine a été décerné à William Campbell, Satoshi Omura et Youyou Tu – trois chercheurs impliqués dans la recherche de nouveaux médicaments contre des maladies tropicales infectieuses.
Pour commencer, honneur aux dames: Youyou Tu est la chercheuse chinoise dont l’équipe a isolé l’artémisinine en 1972. Il s’agit d’une molécule aux propriétés anti-malariques présente dans l’Artemisia annua, une plante dont le potentiel médicinal est connu en Chine depuis deux millénaires. Suite aux résistances de plus en plus problématiques observées avec les anti-malariques traditionnels, elle rencontre un intérêt croissant depuis les années 1990; l’Organisation Mondiale de la Santé la recommande comme traitement préférentiel depuis 2002. Elle est aujourd’hui administrée en combinaison avec d’autres molécules afin de limiter le risque d’apparition de nouvelles résistances, et l’utilisation à grande échelle de traitements combinés à base d’artémisinine a permis de faire reculer sensiblement la malaria. Malheureusement, des résistances commencent à se développer, principalement sous l’effet d’une utilisation inappropriée. L’OMS a pris des mesures pour tenter de soutenir son bon usage.
L’autre moitié du Prix Nobel a été attribué à William Campbell et Satoshi Omura pour le développement de l’ivermectine. Les travaux de ces chercheurs respectivement américain et japonais ont permis de faire considérablement reculer l’incidence de deux maladies infectieuses tropicales graves, l’onchocercose et la filariose. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande d’administrer chaque année un traitement préventif à tous les habitants des régions où la filariose est endémique. L’ivermectine fait partie des combinaisons utilisées dans ce cadre. C’est également grâce à cette molécule que l’Equateur est devenu en 2014 le second pays endémique à se débarrasser de l’onchocercose, après la Colombie en 2013.