La ministre de la Santé de l’Ontario, Christine Elliott, a annoncé des changements majeurs dans l’organisation des soins, qui ne sont pas sans rappeler des réformes ou expériences belges. Deux MG universitaires estiment que l’intention est bonne. Ils invitent toutefois à ne pas sous-estimer les risques pour la population.
L’expérience se déroule dans l’Ontario, province qui sera dotée d’une "super agence", Ontario Health. Le gouvernement propose de créer entre 30 et 50 « équipes de santé » sur le territoire, chacune pouvant prendre en charge jusqu'à 300.000 patients. Ces équipes doivent réunir des partenaires de divers secteurs - hôpitaux, généralistes, services de soins à domicile… - et briser les cloisonnements actuels pour favoriser une transition en douceur grâce à un financement et à des responsabilités partagés.
Les Drs Pinto et Kiran, généralistes qui enseignent tous deux à l’université de Toronto, ont formulé quelques recommandations pour que l’expérience ait plus de chances d’aboutir. La première est : « Concentrez-vous sur les soins primaires ».
Quelque 30 équipes potentielles auraient déjà approché la ministre mais les grands hôpitaux semblent prendre les devants. Il est à craindre que les équipes dirigées par les hôpitaux se concentrent sur les patients hospitalisés. C’est assurément un groupe cible important, mais pour être efficaces, les équipes doivent également agir "en amont" et prévenir les maladies, estiment les deux experts. Selon eux, elles doivent aussi être dirigées par des équipes de première ligne solides – ligne qui prodigue des soins à la majorité des habitants.
Les Drs Pinto et Kiran estiment également que les équipes de santé peuvent recevoir un paiement forfaitaire par patient. Mais pour éviter le piège de la sélection de risques, la tentation de prendre de préférence des patients en meilleure santé, ce financement doit être modulé selon le degré de maladie et les conditions de vie qui affectent la santé. A ce propos, les équipes devraient intégrer des services sociaux pouvant aider les patients à s'attaquer aux causes profondes de la maladie. Des déterminants comme le logement, l’emploi ou et la pauvreté impactent la santé et provoquent une consommation élevée en soins. Enfin, les deux universitaires rappellent de ne pas négliger l’étape de l’évaluation des réformes.