Les sites et outils d’aide en ligne dans le domaine du bien-être et de la santé poussent comme des champignons après l’averse. Ils possèdent bien des atouts… à condition, du moins, d’être en mesure de séparer le bon grain de l’ivraie! En Flandre, Jo Vandeurzen, le ministre en charge de la Santé, souhaite s’atteler à structurer mais aussi à subsidier ce secteur en développement, tandis que se profile, pour début 2016, une formation post-graduée spécifique.
Si les prestations d’aide en ligne en matière de santé ne sont pas tout à fait une nouveauté, elles menacent aujourd’hui de connaître une prolifération incontrôlée. Dès lors, une certaine régulation semble donc indiquée afin de ne laisser aucune chance aux ‘cowboys’ de sévir dans ce secteur éminemment sensible.
Le site www.alcoholhulp.be, présenté en présence du ministre flamand de la Santé, le CD&V Jo Vandeurzen, à l’occasion d’un récent congrès consacré à cette thématique, est un bel exemple de modèle efficace. Il s’organise en trois ‘strates’: un premier module comporte un test d’auto-évaluation permettant au visiteur d’estimer lui-même sa consommation (problématique) d’alcool, le second propose des outils d’auto-assistance et le troisième fait le lien vers un accompagnement professionnel. Dire que le site rencontre un franc succès serait un euphémisme: l’année dernière, il a vu passer pas moins de 700.000 visiteurs, dont environ 1.400 ont utilisé le module d’auto-assistance et 900 ont entamé un traitement. Le test a même été consulté environ 10.000 fois par mois… et ce n’est qu’un début!
Il ne s’agit assurément pas d’un remède-miracle mais, comme en témoigne le forum de discussion anonyme, l’outil a permis d’abaisser très nettement le seuil à franchir pour aborder cette problématique qui reste encore passablement taboue. Il est également frappant de constater que le site touche beaucoup plus de femmes que l’offre d’aide ambulatoire (50% des participants vs. 25%). Il est également très positif de noter que les trois quarts des visiteurs du site travaillent (encore) à temps plein, car la majorité des patients qui s’adressent au secteur ambulatoire ont déjà perdu leur emploi. Alcoholhulp.be contribue donc clairement à une détection précoce des problèmes!
Parmi les autres initiatives de ce type dans le secteur des soins en Flandre, on peut également citer ‘Fit in je Hoofd’ [littéralement ‘bien dans sa tête’], qui propose un outil interactif d’auto-assistance et de coaching, la ligne 1712, un point de contact abus, violence et maltraitance d’enfants, la plateforme de prévention du suicide 1813, le site www.gokhulp.be, contre le dépendance aux jeux de hasard ou encore www.cannabishulp.be.
Vers un point de contact intersectoriel
Aux yeux de Jo Vandeurzen, «ce soutien en ligne est un complément à d’autres types d’aide, mais peut aussi faire office de porte d’accès à des formes plus classiques de prise en charge». Pas moins de trois quarts des organisations du secteur auraient l’intention d’élargir leur offre d’assistance en ligne. Le ministre de la Santé flamand souhaiterait mettre en place un point de contact intersectoriel pour ces services, simplifier la réglementation en matière d’aide en ligne et investir dans le développement d’une ‘carte sociale’ de l’offre disponible sur internet.
Il s’efforce également de dégager des moyens pour soutenir ce type d’initiative et a d’ores et déjà lancé un prix pour récompenser des travaux de fin d’études dans le domaine de l’aide en ligne. A partir de février 2016, la haute école Artevelde et la nouvelle mouture de l’UCLL (University College Leuven-Limburg) lanceront en outre une formation de post-graduat consacrée à l’aide en ligne dans le domaine du bien-être et de la santé.