Faut-il stopper l'afflux de médecins non-européens ?

De nombreux médecins non-européens peuvent venir exercer en Belgique, après validation de leur diplôme, alors que le numerus clausus limite dans notre pays l’accès aux études de médecine. Une situation paradoxale qui interpelle.      

« Nous avons un numerus clausus en Belgique et un contrôle de la formation et des compétences. Je m’inquiète de l’ouverture complète des vannes pour les médecins non-européens qui ont d’importantes facilités pour la reconnaissance de leurs diplômes de médecine et de spécialité et qui peuvent recevoir un visa parce qu’ils ont un contrat de travail avec un hôpital ou avec des polycliniques privées », explique Gilbert Bejjani, vice-président de l’Absym lors du récent symposium sur l’avenir des soins de santé organisé par le syndicat (lire Le Spécialiste N°227).

 « Cela me pose un vrai problème. Nous voulons améliorer l’efficience en Belgique, mais on a perdu le contrôle sur tout un pan de l’activité médicale et sur les compétences des médecins non-européens qui viennent travailler chez nous. En plus, cet afflux réduit l’accès à la formation des jeunes Belges qui voudraient entamer des études de médecine. Comment le futur gouvernement fédéral va-t-il se positionner à ce sujet ? » 

Pour Patrick Zygas, il est grand temps d’avoir un cadastre correct du nombre de médecins qui exercent dans notre pays et des numéros Inami. « Des médecins arrêtent de travailler, mais ils gardent leur numéro Inami jusqu’à la fin de leur vie. Ce n’est pas normal. Pour rappel pour les médecins européens, nous sommes tributaires de la législation européenne. »       

 « Les critères d’agrément sont de la compétence du Conseil supérieur des médecins spécialistes et des médecins généralistes », rappelle Johan Blanckaert, président de l’Absym.  « C'est là que la marge de manœuvre est la plus grande. J'ai récemment assisté à ces réunions et j'ai été stupéfait par l'inefficacité des deux dernières réunions.» 

«Les articles 145 et 146 du loi coordonnée relative à l'exercice des professions des soins de santé définissent en effet les compétences des médecins et il y a une différence considérable entre la Flandre et la Wallonie : en Wallonie, presque aucun visa n'est délivré et la procédure est très stricte », commente Jos Vanhoof (Absym). «La Flandre, en revanche, distribue presque tous les visas aux médecins. Il y a donc un besoin de concertation entre les deux communautés pour arriver à une procédure similaire, qui soit aussi équivalente aux autres pays."

> Découvrir l’intégralité de l’article dans Le Spécialiste N°227.

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    25 octobre 2024

    Remarques :
    Merci pour le commentaire ci-dessous, et son rappel utile et plein de bon sens !
    La confusion qu'il désigne vient aussi du temps, proche, où tous les diplômés n'étaient pas certain de recevoir un no inami leur permettant de pratiquer...
    Les Nos INAMI ne sont pas limités, c'est uniquement leur délivrance aux autochtones qui l'a été...
    Cette épée Damoclès a démotivé trop de vocations, et engendré des angoisses inutiles !
    Ajoutons quelques réflexions pragmatiques :

    1) Nous avons presque tous regardé le contenu du concours d'entrée pour les études médicales, au moins par curiosité ou pour nous tester... Je l'ai comparé avec mon programme de "Latin - Sciences" (d'un collège Jésuite, à niveau élevé d'exigences). Conclusions :
    - Est-ce acceptable que les questions posées dépassent le programme d'humanités, même d'une section "sciences fortes", qui n'est pourtant pas obligatoire pour se présenter au concours !?
    - Est-ce admissible qu'un même pouvoir public évalue l'accès au supérieur sur des compétences au-delà des contenus requis pour y accéder ? Et personne ne réagit, pas même les associations concernées...

    2) - Celui qui réussit l'examen n'est pourtant pas certain de pouvoir accéder aux études : si il y a "trop" de réussites, on n'admettra pas ceux qui sont moins bien classés...
    Le justifier avec le vocable "concours" est un vilain jeu de mots...
    A connaissances égales, des candidats d'une année ou d'une autre seraient recalés ou admis en fonction du nombre de réussites... alors que notre constitution interdit toute forme de discrimination...
    La gifle donnée aux "lauréats recalés" est d'autant plus forte, surréaliste même, vu le nombre d'étudiants étrangers, et vu l'absence de limite aux diplômés étrangers, nécessaire pour combler le manque de diplômés de notre enseignement !

    3) les médecins "à la retraite" qui ont cessé une activité commerciale continuent presque tous à soigner "gratuitement" quelques proches et amis...
    Certains voudraient les en empêcher : c'est stupide car le cumul de tous ces prestations soulage bien évidemment les finances de l'INAMI... et les cabinets de consultations surchargés des "jeunes" confrères.
    Pour cela, ils doivent évidemment pouvoir prescrire, càd conserver le no INAMI, et une inscription à l'Ordre...
    Les en empêcher au motif que cela complique (un peu) les comptages statistiques est débile...
    Dans tous les métiers, les retraités aident bénévolement leurs proches, depuis le juriste jusqu'au plombier, et c'est tout à fait normal...
    Mieux, grâce à leur temps libre, une majorité suit de près l'actualité médicale et scientifique.
    Pour ceux que je connais, leur connaissances sont souvent remarquablement actualisées car ils ont le temps de lire les publications, de faire des recherches sur internet dans les sites spécialisés...
    Ils ont un rôle à jouer dans le partage des connaissances...

    Quand aurons-nous un pays géré avec bon sens ?
    Plus que jamais des unions professionnelles fortes et des plateformes de réflexions comme celle-ci sont nécessaires, pour sans cesse améliorer la qualité et l'accessibilité des services rendus aux citoyens...

    Remarque : aux médecins non-européens, il faut ajouter les médecins européens, qui quittent massivement les pays à faible rémunération (comme la Roumanie) pour venir exercer dans les pays à rémunérations plus hautes. Européens, ils ne doivent pas demander de "dérogation"...
    Je ne met évidemment pas leurs compétences en cause (dans une équipe médicale d'hôpital, une incompétence ne dure en principe pas très longtemps..), mais cet afflux qui dépasse le mouvement "naturel" de diplômés entre pays européens, est une véritable gifle morale donnée à la motivation de nos jeunes qui voient l'accès aux études de médecine artificiellement bridé... alors que la pénurie de médecins est flagrante ... et prévisible depuis plus de 20 ans...
    Allons même plus loin : si toutes les formations qualifiantes étaient obligées de mettre en place un numerus clausus, pour "faire des économies", sur base des prévisions farfelues d'emplois futurs de nos politiciens... il n'y aurait plus assez de places dans l'enseignement pour former tous nos jeunes !
    On assiste à ce phénomène en France, où un dispositif de sélection nommé "Parcoursusp" délivre au compte goutte le droit de suivre une formation, à cause du manque de places dans leur enseignement supérieur !
    Le résultat visible en Belgique est un envahissement d'étudiants français, à tel point qu'on a dû instaurer des limites draconiennes dans les matières les plus demandées...
    En clair : ce n'est pas à la Belgique d'assumer (financièrement..) les carences flagrantes de nos voisins..

  • Raymond Moriaux

    25 octobre 2024

    Il est assez étonnant que le vice-président de l'Absym semble ignorer que l'objectif de ceux qui cherchent à faire des économies dans les soins de santé n'est pas de diminuer le nombre total de numéros INAMI "en circulation" mais celui à accorder aux nouveaux venus dans la profession. Ceux encore entre les mains des retraités et autres médecins non actifs sur le plan curatif ne coûtent plus rien à la sécu. Ce qui n'est évidemment pas le cas de ceux délivrés à ceux qui arrivent "sur le marché". Comme le dit M. Cogan, il est temps de faire un peu de pédagogie sur le sujet...

  • Elie Cogan

    25 octobre 2024

    Cet article soulève plusieurs commentaires et je ne souhaite pas ici en faire l'exégèse complète. Une remarque revient toutefois de façon récurrente "il est temps d'avoir enfin un cadastre complet des médecins qui travaillent "avec la remarque inappropriée concernant les médecins retraités qui conservent leur numero INAMI jusqu'à la fin de leur vie. Ce cadastre existe depuis de très nombreuses années et est tenu quasi on line. Cela fait plusieurs décennies déjà que la commission de planification fédérale tient compte de l'ensemble des paramètres permettant d'évaluer les médecins réellement actifs. Il ne s'agit pas de comptabiliser les numéros INAMI des médecins mais de comptabiliser l'activité des médecins. Les médecins qui ne travaillent pas ou plus et qui ne font pas d'acte ne sont pas comptabilisés dans le modèle. Il n'y a pas que les retraités inactifs mais aussi des chercheurs, des médecins d'assurances, etc.... La récurrence de ce genre de remarque traduit l'ignorance de beaucoup de nos confrères dans l'existence de la commission de planification et la manière dont elle travaille. Ceci mériterait un article d'information complète avec aussi les rôles respectifs de la commission de planification fédérale et les commissions de planification communautaires dans l'établissement des quotas.