Sciensano plaide pour plus de prévention contre les drogues en festival

Sciensano plaide pour une sensibilisation autour d'un usage sûr des drogues en festival au lieu d'une interdiction pure et simple, écrivent lundi les journaux de Mediahuis. Cette réaction de l'Institut de santé publique intervient après deux décès possiblement liés à la drogue à Tomorrowland.

Six personnes sont décédées à Tomorrowland au cours des 11 dernières années, dont quatre après avoir consommé des stupéfiants. L'organisation du festival affirme mettre tout en œuvre pour assurer le contrôle et la sécurité. Sciensano soutient ces actions mais insiste sur l'importance d'un renforcement de la prévention et de l'éduc ation autour des drogues, non seulement dans le cadre du festival mais également dans notre société en général.

"Les études internationales le confirment : il faut réduire les risques en offrant aux festivaliers la possibilité de faire contrôler leurs drogues et en leur proposant une plate-forme de discussion, par exemple. Souvent, les consommateurs ne savent pas ce qu'ils achètent et s'exposent donc à un risque. Alerter contre certaines drogues nocives circulant sur le site par le biais de panneaux dynamiques peut également avoir un effet préventif", explique Margot Balcaen, du Système belge d'alerte précoce sur les drogues de Sciensano. "Une telle politique de réduction des risques nécessite un cadre de travail adapté, car elle requiert une coopération intensive entre la santé publique, les forces de police et les travailleurs sociaux."

La mise en place de ce genre de mesures nécessite des ressources, reconnaît Margot Balcaen. "Mais si nous voulons vraiment nous attaquer au problème de la drogue, nous devons réduire, voire supprimer la stigmatisation qui l'entoure."

Le Centre flamand de l'expertise sur l'alcool et les autres drogues (VAD) estime de son côté que les organisateurs de Tomorrowland ont fait un grand pas en avant en admettant que le festival ne pourrait jamais être exempt de drogues. "Cela ouvre la voie aux mesures de sensibilisation et aux initiatives de réduction des risques", selon la directrice de l'organisation, Katleen Peleman. "Les festivaliers pourront par exemple être informés par des canaux appropriés des risques liés à la consommation combinée de différentes drogues", fait-elle valoir.

D'après le centre d'expertise, une communication ouverte permettra également de demander de l'aide plus aisément en cas de problème lié à la consommation de stupéfiants. Faire croire qu'aucune drogue ne circule dans un festival retient la personne qui en consomme de se rendre aux services de secours, de crainte d'avoir des ennuis avec la justice ou de recevoir une amende, souligne Mme Peleman. "Il est important d'aller chercher de l'aide immédiatement et d'oser dire ce que l'on a pris", plaide-t-elle.

"La consommation de stupéfiants reste illégale", a rappelé la députée Kathleen Depoorter (N-VA) après le plaidoyer de Sciensano. Celle-ci estime toutefois qu'il est nécessaire de rappeler "au consommateur qu'il n'existe pas de drogues sûres ou saines". Elle préconise par ailleurs de tester les drogues saisies en festival et d'envoyer des avertissements en cas de danger. Le VAD voit également dans cette mesure un intérêt, pointant qu'il est "illogique" que les festivaliers ne soient pas informés des dangers potentiels.

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