Les pays de l'Union européenne n'investissent pas assez dans la prévention des maladies chroniques, dans l'accès aux soins et doit mieux se préparer à la transformation numérique du secteur. C'est ce qu'indique un rapport de la Commission européenne sur "l'état de santé en 2017" publié jeudi.
"Il faut mieux prévenir que guérir et pourtant ce n'est pas ce que nous faisons", a regretté le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis au cours d'une conférence de presse à Bruxelles.
Seulement" 3% des budgets santé sont consacrés à la prévention des maladies non transmissibles, alors que le traitement de ces maladies monopolise 80% des budgets, souligne un rapport réalisé avec l'OCDE et l'Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé.
Elles sont pourtant liées à des facteurs que "l'on peut prévenir : boire, fumer, ne pas avoir d'activités physiques", a observé M. Andriukaitis, rappelant qu'un cinquième de la population de plus de 15 ans est en surpoids et que l'Europe est la région du monde où l'on boit le plus d'alcool.
Le rapport met aussi l'accent sur les inégalités sociales face à la santé.
Il montre que les Européens aux revenus les plus faibles sont moins susceptibles de faire les 150 minutes par semaine d'activité physique recommandées. Toutefois, des pays comme le Danemark et la Suède parviennent à échapper à cette corrélation, très marquée en revanche en Slovénie ou au Royaume-Uni.
En outre, le tabagisme est plus répandu parmi les personnes sans emploi (46%) ou les personnes qui ont régulièrement des difficultés pour payer leurs factures (43%).
Ces mêmes inégalités se retrouvent dans la prévention : par exemple, en moyenne dans l'UE 72,5% des femmes entre 50 et 69 ans ayant poursuivi leurs études ont réalisé un examen de détection du cancer du sein au cours des deux dernières années, contre 66,3% qui ne sont pas allées à l'université. La différence atteint 20 points de pourcentage en Bulgarie, Pologne, Hongrie, Grèce, à Chypre et en République tchèque.
La Commission met aussi l'accent sur l'accès aux soins et la numérisation du secteur. Un Européen sur quatre se rend aux urgences faute d'avoir accès à un médecin généraliste, une proportion qui est de plus de 70% en Slovaquie. Côté digital l'Europe souhaite que le patient soit au coeur de la prochaine génération de données relatives à la santé en vue de leur utilisation au niveau stratégique et pratique. "La transformation
numérique du secteur de la santé et des soins permet de capter en situation réelle des résultats et
des expériences intéressant le patient et recèle un fort potentiel pour ce qui est de renforcer
l'efficacité des systèmes de santé."
L'UE compte 18 millions de professionnels de santé, auxquels s'ajouteront 1,8 million de postes d'ici à 2025. Pour la Commision "les autorités responsables en matière de santé doivent préparer les professionnels en vue des changements qui se profilent: le vieillissement de la population et la morbidité multiple, ainsi que la nécessité de politiques de recrutement bien conçues, de nouvelles compétences et d'innovations techniques."
> Les 28 profils de santé par pays, le rapport d'accompagnement et des informations générales
supplémentaires peuvent être consultés ici.