Une enquête menée par la Chaire IA et médecine digitale de l'Université de Mons, en collaboration avec Medi-Sphère et AI4Belgium, dévoile les attentes et les préoccupations des médecins généralistes belges en matière d'intelligence artificielle , offrant un aperçu inédit des opportunités et des défis associés à son adoption dans ce secteur clé.
Ce "Baromètre de l'adoption de l'IA chez les médecins généralistes en Belgique" est une enquête novatrice et ambitieuse qui explore le potentiel de l'intelligence artificielle (IA) dans un domaine souvent négligé : la médecine générale.
Alors que l'IA a déjà prouvé sa valeur dans des disciplines médicales spécialisées, les médecins généralistes, qui constituent la première ligne de défense dans notre système de santé, pourraient également bénéficier grandement de cette technologie émergente.
Le Baromètre montre que l'intelligence artificielle (IA) suscite un intérêt croissant chez les médecins généralistes. Plus de 95 % des participants ont entendu parler de l'IA, et 80 % d'entre eux se disent intéressés par le sujet. Les médecins néerlandophones (51,6 %) manifestent un intérêt significativement plus marqué pour l'IA que les francophones (29,16 %), sans différence liée au milieu d'exercice ni d'impact significatif de l'âge.
Une vision globalement positive
La vision de l'arrivée de l'IA est globalement positive pour les participants, avec une médiane de 58 sur une échelle de 100. En revanche, l'échantillon est partagé quant à l'impact de l'IA dans les 5 années à venir, son importance pour les médecins généralistes et son impact sur la pratique de la médecine générale (médiane de 50 pour chaque question). Les participants s'accordent néanmoins sur plusieurs bénéfices de l'IA, tels que l'augmentation de la rapidité et de la fiabilité de la prise de décision (76,6 %), la réduction du risque d'erreur (76,6 %) et la possibilité d'un suivi plus personnalisé et adapté du patient (63,9 %).
Les domaines de développement de l'IA plébiscités par les médecins généralistes comprennent l'appui à l'analyse et l'interprétation des résultats d'examen (88,6 %), le développement des actions de prévention et de diagnostic (88,1 %) et le suivi et le monitoring à distance des patients (76,2 %). Toutefois, certains risques sont également perçus, comme la perte des liens sociaux et la déshumanisation du travail (67,8 %), l'apparition de nouveaux risques psychosociaux (63,9 %) et la diminution de l'intérêt pour les travaux menés (50,2 %).
L’IA devrait avoir un impact organisationnel dans la pratique quotidienne des médecins généralistes, notamment en repensant l'organisation du travail et la répartition des tâches (80 %), en facilitant la gestion des flux et des plannings (80 %) et en transformant le parcours de prise en charge et les protocoles (76,6 %).
Un intérêt croissant chez les MG
Les résultats de cette étude pionnière révèlent un intérêt croissant pour l'intelligence artificielle chez les médecins généralistes belges, bien que l'IA soit encore largement associée à la médecine spécialisée et hospitalière.
Pour le Dr Giovanni Briganti, titulaire de la Chaire IA et médecine digitale de l’Université de Mons, “les participants ont exprimé une vision globalement positive de l'arrivée de l'IA en médecine générale et ont identifié plusieurs domaines dans lesquels l'IA pourrait avoir un impact significatif, tels que l'analyse et l'interprétation des résultats d'examens, le développement des actions de prévention et de diagnostic, ainsi que le suivi et le monitoring à distance des patients.”
Egalement des préoccupations
Cependant, les médecins généralistes ont également soulevé des préoccupations quant aux risques potentiels liés à l'adoption de l'IA, notamment la déshumanisation du travail, l'apparition de nouveaux risques psychosociaux et la diminution de l'intérêt pour certaines tâches.
“Il est donc essentiel de prendre en compte ces préoccupations lors de l'élaboration de stratégies nationales et internationales visant à intégrer l'IA dans la pratique médicale” poursuit le Dr Briganti. “En outre, l'impact organisationnel de l'IA sur la pratique quotidienne des médecins généralistes souligne la nécessité de repenser l'organisation du travail, la répartition des tâches et la coopération entre les professionnels de la santé. “
Selon lui, “les résultats de cette étude pourraient servir de base à la mise en place de politiques et de formations adaptées pour soutenir les médecins généralistes dans la transition vers une pratique de la médecine générale intégrant l'intelligence artificielle.”
"Il convient également de mener des recherches supplémentaires pour approfondir la compréhension des attentes et des besoins des médecins généralistes en matière d'IA, afin de développer des solutions sur mesure répondant aux défis spécifiques du secteur."
> Tous les chiffres en 6 infographies
Retrouvez également les résultats de l'enquête dans le journal Medi-Sphere n° 728