La 77e édition du Festival d'Avignon, une des plus grandes manifestations théâtrales au monde, s'ouvre mercredi sous la houlette de son nouveau directeur Tiago Rodrigues, successeur d'Olivier Py. Plusieurs artistes belges ou résidant en Belgique y présenteront leurs créations, parmi lesquels Anne Teresa de Keersmaeker, Patrick Corillon, Milo Rau et Mohamed Toukabri.
La chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker revient cette année dans la Cité des papes avec deux spectacles : "Exit Above" à la FabricA du 6 au 13 juillet et "En Atendant", présenté en 2010 et repris dans son lieu de création, le cloître des Célestins, du 14 au 25 juillet. Les deux œuvres, avec des sources musicales et des références différentes, ont en commun d'interroger notre rapport à la marche.
Avec "Exit Above", Anne Teresa De Keersmaeker remonte le courant de la pop occidentale, à partir de la figure du bluesman afro-américain Robert Johnson, tandis qu'avec "En Atendant", elle s'appuie sur la musique des polyphonies du 14e siècle, l'Ars Subtilior, pour explorer des mouvements qui pourraient être à l'antipode de la tranquillité, à l'heure d'une pandémie mondiale et du réchauffement climatique.
L'artiste plasticien et conteur belge Patrick Corillon transformera du 6 au 12 juillet ce qui pourrait n'être que des anecdotes de vie en fictions à l'échelle du monde, entraînant spectatrices et spectateurs dans des rêveries qui réveillent des scènes d'enfance. "Portrait de l'artiste en ermite ornemental" a été pensé pour les Pénitents blancs en hommage à ces lieux propices à la méditation et aux temps longs qu'imposent parfois les processus artistiques.
Milo Rau, metteur en scène suisse et directeur du théâtre de la ville de Gand (NTGent), présentera du 16 au 24 juillet, sur L'Autre Scène à Vedène, "Antigone in the Amazon", dernier opus de sa trilogie des mythes anciens après la pièce "Oreste à Mossoul" et le film "Le Nouvel Évangile". Son adaptation d'"Antigone" de Sophocle transposera l'œuvre dans un contexte contemporain, dans l'État de Pará au Brésil. La fille d'Œdipe sera incarnée par l'activiste autochtone de l'Amazonie, Kay Sara, au côté d'un chœur composé de survivants du massacre de la police militaire contre le Mouvement des paysans sans terre (M ST) en 1996, faisant d'"Antigone in the Amazon" une allégorie de la lutte politique et de la résistance face à l'implacable cupidité d'un monde moderne et dévastateur.
Avec "For the Good Times", le chorégraphe et danseur Mohamed Toukabri, né à Tunis et basé à Bruxelles, prendra possession du 19 au 25 juillet du Jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph. Partant du désir de créer une rencontre imaginaire avec le chorégraphe allemand Raimund Hoghe décédé en 2021, Mohamed Toukabri invitera à ses côtés Luca Giacomo Schulte, artiste visuel et ancien collaborateur artistique du chorégraphe, pour une pièce qui célébrera le temps qu'il nous reste ensemble.
Les univers intimes, hybrides et riches de l'artiste turco-belge Begüm Erciyas et du metteur en scène et réalisateur allemand Daniel Kötter, créés à l'aide de médias variés, seront eux à découvrir du 7 au 16 juillet dans le village de Pujaut parmi les "Paysages partagés", assemblés par Stefan Kaegi, du collectif Rimini Protokoll et la curatrice Caroline Barneaud.
"Hoppla!", adaptation pour l'image de deux chorégraphies d'Anne Teresa De Keersmaeker sur des musiques de Béla Bartók, par Wolfgang Kolb sera également présenté le 18 juillet dans le cadre des "Territoires cinématographiques", espace de dialogue entre spectacle vivant et cinéma.
Le Festival d'Avignon se déroule du 5 au 25 juillet et s'étale sur une quarantaine de lieux (pour 44 spectacles), dans la ville mais aussi extra-muros, tandis que le "off" compte 140 lieux et accueille près de 1.200 compagnies. Le Théâtre des Doms, vitrine pour la production scénique belge francophone dans le sud de la France, proposera cette année pas moins de 13 représentations mêlant, entre autres, théâtre, danse, et culture urbaine lors du festival alternatif.
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