Connu comme l'un des plus grands portraitistes du XVIe siècle, le peintre vénitien Le Titien a aussi placé au centre de son œuvre la nature, un aspect méconnu au cœur d'une exposition qui s'est ouverte mardi à Rome.
"Chez Titien, la nature n'est jamais accessoire. Elle ne l'était pas dès ses peintures de jeunesse comme 'Amour sacré et amour profane', où la nature fait écho au sens de la peinture", explique à l'AFP la commissaire de l'exposition, Maria Giovanna Sarti, debout devant ce splendide tableau.
"Si le sens est une allégorie du mariage, alors on trouve les éléments qui commentent cette signification, comme le couple de lièvres", observe-t-elle sous les ors de la pinacothèque de la Galerie Borghese, sise dans le grand parc de la villa du même nom. "Le paysage n'est jamais insignifiant."
Le grand théoricien de la peinture italienne Ludovico Dolce (XVIe) résumait ainsi l'art du grand maître, mort octogénaire dans la Cité des Doges: "Le Titien alliait la grandeur et le côté terrible de Michel-Ange à la grâce et l'élégance de Raphaël et aux couleurs propres à la nature".
Sa carrière fut exceptionnellement longue et fertile, il travailla pour l'empereur Charles Quint et le roi d'Espagne Philippe II, mais aussi pour la papauté.
Ce qui donne un caractère exceptionnel à cette exposition, c'est la présence d'un grand format du grand peintre vénitien prêté exceptionnellement par le musée d'histoire de l'art de Vienne: "La nymphe et le berger".
Le face-à-face, inédit depuis des siècles, entre cette œuvre tardive datant de 1565 et son œuvre de jeunesse "Amour sacré et amour profane" (1514-1515), est saisissant: "le style du Titien à la fin de sa vie, qui travaille à grands coups de pinceaux, est bien différent de celui de ses années de jeunesse", qui privilégiait le dessin parfait et les couleurs bien appliquées propres à ses contemporains comme Bellini.
"La rencontre qui s'est faite (entre ces deux tableaux) n'est pas une occasion courante. Titien se rencontre lui-même, le Titien des années de jeunesse et celui de la fin de vie, sur des thèmes récurrents", détaille Maria Giovanna Sarti.
Cette exposition, qui dure jusqu'au 18 septembre, est aussi l'occasion de redécouvrir les riches collections de la Galerie Borghese, qui abrite notamment des chefs-d'œuvres du Bernin, du Caravage et de Raphaël.